Départ vers Bora

Le 14/08

Nous avons dû différer notre départ, Marco s’est coincé le dos. (Son corps traduit certainement le ras le bol de m’avoir sur son dos en permanence!)

Rien de bien méchant mais suffisamment pour nous empêcher de prendre la mer dans cet état.

Donc repos!

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Voilà deux ans et demi que nous vivons dans un espace réduit avec la présence continuelle de l’autre, aussi est-il naturel de commencer à en accuser le coup!

Comme tout aboutissement à un projet, on se retrouve soudainement privé du moteur. Une zone de vague, de flottement apparaît. Ce passage temporaire doit être nécessaire….

Peut être est ce le moment également d’évacuer toutes ces tentions accumulées lors de notre long voyage: navigations difficiles, mouillages infernales, situations de stress…

Il faut bien que ça sorte…Ce nettoyage permet également d’apprécier plus pleinement tout le positif de ce voyage…

Il est sur le pont regardant l’animation du mouillage, lorsqu’il me lance soudain:

– « Si tu veux voir un échouage en direct, c’est maintenant ou jamais!»

J’abandonne mes casseroles un moment pour aller jeter un œil à l’extérieur.

Un voilier est en train de traverser le lagon sous génois et moteur dans la partie où il n’y a que des patates et des hauts fonds. Il est trop éloigné de nous pour l’avertir, en quelques secondes le bateau est stoppé net. On le voit décoller et pivoter sur lui même. Il reste un moment posé au dessus des flots avant de retomber et repartir ventre à terre décaniller d’autres patates de corail.

Marco est moi sommes sous le choc, et nous ressentons l’horreur de la situation. A maintes reprises le bateau se dégage pour aller taper à nouveau, nous entendons même les impactes.

Nous sautons dans l’annexe pour tenter de lui venir en aide. Le couple de vieux ( 80 ans) sont en panique. Pépé est tout tremblant et ne sait plus quoi faire, mémé est aux bord des larmes.

Nous constatons comme eux qu’il n’y a pas de sortie possible.

Un local ayant dû assister de loin au carnage vient à la rescousse avec un jet ski super sonique.

Pas d’autres alternatives que de tracter le voilier en le faisant passer sur les patates. Le bateau racle, s’arrête, tape, Marco et moi en sommes malade et encore plus en pensant à ces pauvres vieux et leur pauvre embarcation.

Ils réussissent toutefois à regagner plus de profondeur, là où nous sommes mouillés.

Le jet ski reprend son envol. Nous attendons qu’ils jettent l’ ancre pour se remettre de leurs émotions et constater les dégâts. Mais quelle n’est pas notre surprise de les voir partir direct vers la passe et rejoindre la pleine mer vers d’autres îles !!!

On est stupéfait qu’après ce à quoi on vient d’assister, ils ne vérifient même pas l’état de la coque, de la quille… Est ce de l’inconscience ? Un manque de bon sens ? Où l’état de choc ?

Le 18/08

Nous allons dire au-revoir à la petite famille de Jean Luc. Nous repartons chargé de fruits et de leur gentillesse. Jean Luc a pris soin de me cueillir un rouligna ( gros fruit de la famille des corossols) sachant que j’en suis dingue. Son goût a été pour moi une révélation: de la crème parfumée, douce, subtile d’une texture fondante. Pourtant son aspect ne paye pas de mine!

Après presque un mois ici, l’ancre est bien ensablée, nous arrivons quand même à la relever.

Tahaa est à 25 milles, en 6h sous spi, nous y sommes. Tahaa et Raiatea sont entourées par un même lagon, les reliefs des l’îles sont montagneux, verts. Sur le pourtour du lagon, il y a des motus de sable et cocotiers. Du coup le paysage semble bien diversifié. Après une balade sur les crêtes pour admirer le paysage, nous allons mouiller aux abords d’un des motu où se trouve un jardin de corail.

Déjà le mot est évocateur en lui même, mais la réalité encore plus belle.

L’eau est tellement cristalline que l’on a même pas besoin de masque pour voir les fonds.

Il nous faut remonter à pied le long du rivage. Le jardin se trouve dans la petite passe entre deux motus. Il n’y a plus qu’à se laisser porter par le courant dans très peu de fond et ouvrir grand les yeux. Les coraux: violet, jaune, rose, blanc, orange… nous explosent les yeux et la myriade de poissons colorés vient nous éclater!

C’est un véritable aquarium, des nuées de poissons curieux viennent tout autour de nous, si près que l’on peut les toucher. Comment la nature peut elle créer tant de perfection, de diversité? Lorsque l’on regarde les formes et coloris de ces poissons tropicaux on croit rêver! Quelle ingéniosité, quelle créativité!.

Nous restons quelques jours ici à nous rincer les yeux, l’esprit…

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Durant la nuit, le vent tourne. Nous ne sommes pas protégés du vent du Sud. La houle se forme et notre inquiétude grandit. Les secousses violentes brisent notre sommeil, heureusement pas la chaîne.

Notre guindeau nous permettant de relever la chaîne et l’ancre vient de nous lâcher. Il a été pulvérisé par le sel et la rouille. Il est mort! Triste nouvelle pour nous, car cela signifie qu’il va falloir dorénavant, le faire manuellement vu que nous n’avons pas l’argent pour le changer.

Le mal de dos qui vient à peine de quitter Marco plane comme une nouvelle menace…

De Tahaa, nous avons vu sur Bora la belle! Sa montagne majestueuse se dresse comme une déesse veillant sur les eaux. Son appel se fait entendre. Nous savons que cette île est très touristique, mais nous ne doutons pas que les paysages restent ce qu’ils sont…

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Le 23/08

Sur un bord de près de 20 milles, nous la rejoignons en douceur.

Nous faisons le tour du lagon par le Nord, pour rejoindre un des plus beaux mouillages de Polynésie (à ce qu’il paraît).

La transparence de l’eau et sa couleur, nous donnent l’impression de naviguer dans les airs.

Le bleu plus qu’intense est tout simplement incroyable.

Nous longeons tous les hôtels de luxe, suspendus au dessus des eaux. Cette vision, ne gâche en rien le paysage car les cahutes sont belles, ce ne sont pas des bloc de béton. Beaucoup d’hôtels sont vides, parfois quelques cases semblent occupées. Il y a peu de touristes finalement, l’ambiance est paisible.

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Nous jetons l’ancre dans une véritable piscine. La splendeur de la haute montagne face à nous, nous éblouie tout autant que la couleur de l’eau.

Le lendemain, en regagnant la terre, nous avons encore une autre vision en grimpant sur une crête.

Le lagon explose de teintes que nos rétines ont même du mal à intégrer. Jamais nous n’avons vu un tel spectacle.

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Question paysages, on peut dire que Bora est unique.

Question pêche ce n’est pas la même. Malgré les plongées assidues de Marco, il ne trouve rien à mettre sous sa flèche. Il y a bien des perroquets aux belles couleurs, mais c’est une telle nourriture des yeux qu’il n’arrive pas à concevoir d’en faire une pour le ventre.

Quelques journées maussades nous rivent à bord. Forts vents, pluie et grosse houle se déchaînent.
Le mouillage est toutefois idéal pour recevoir la colère des cieux, nous sommes bien abrités par le motu.

Entre marches à terre, sur les motus, quelques plongées sur des jardins coralliens, les jours s’écoulent

Voilà 15 jours à Bora!

La houle baisse, elle nous laisse entre-voir la possibilité de rejoindre Maupiti.

Nous n’allons donc pas tarder à découvrir la petite Bora sauvage. Poissons, raies manta et nos copains (disparus de notre paysage depuis quelque temps) les requins, doivent nous attendre…

Bora nous retient encore! Quelques petits ennuis de moteurs ont repoussé le départ.

Le 08/09 à 04h00 nous partons au coeur de la nuit rejoindre Maupiti. Arrivé à la passe pour sortir, de violents grains nous obligent à faire demi-tour. La pluie et le vent se déchaînent encore…
Rares sont les occasions pour n’avoir pas trop de houle, tant pis on doit attendre la prochaine fenêtre peut être dans une semaine…

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