Rikitéa

Le 08/04

Alors que nous partons mouiller aux motus du Nord, le vent fraîchit et nous contraint à revenir sur nos pas au mouillage plus abrité de Rikitéa. A peine avons nous jeté l’ancre que je vois un bateau au mouillage déraper et partir sur les hauts fonds. Nous tentons de lancer un appel avec la VHF mais personne ne répond. Nous n’avons pas de moteur à l’annexe ; aussi on tente de siffler pour prévenir le bateau en question. Un voisin sort et vient à sa rescousse en prenant Marco au passage et en rejoignant le ketch qui maintenant est posé sur le reef. Arrivés au bateau, le propriétaire daigne enfin sortir et s’aperçoit du désastre. Marco reconnait Allan un Américain qui était à côté de nous à l’île de Pâques.

Il y a urgence aussi Marco monte aider Allan. Il arrive à démarrer son moteur et à se sortir du reef sans péter l’hélice. Mais le moteur cale et repart sur le corail, Marco tente de relever l’ancre emmêler avec les bouts. C’est la panique à bord. Bernard le voisin pousse le bateau avec son annexe pour l’empêcher d’aller s’échouer. Le moteur redémarre et après un certain temps l’ancre est relevée et s’avère toute petite. Allan explique que son ancre principale est au fond de l’eau, il l’a perdu la veille. Bref pas d’autre solution que d’aller à quai. Mais Allan hésite car la marche arrière ne passe plus. Tout semble aller de travers sur ce bateau. Ils arrivent enfin à regagner le quai malgré tout. Allan raconte à Marco qu’il est arrivé il y a trois jours de l’île de Pâques alors qu’il est partit une semaine avant nous ! Il a mis plus d’un mois pour arriver jusque là, sans aucune escales !! Quelques problèmes semblent en être la cause. Il est partit de l’île de Pâques sous les grains ( nous étions ahuris qu’il choisisse de partir avec la météo annoncée, nous lui en avions d’ailleurs fait part!). Bref il s’est pris une dégelée, a cassé son étaie, déchiré son génois, puis déchiré peu à peu toutes les autres voiles. Son moteur étant en panne, il a finit avec une toute petite voile avant du style mouchoir de poche. Pris dans la pétole il a même fait marche arrière durant deux jours ! Evidemment la météo ne lui a pas permis de s’arrêter à Pitcairn. Il avait avec lui deux jeunes équipières pour partager sa galère ! Je pense qu’elles en garderont un souvenir mémorable de cette traversée !!!( A l’île de Pâques il y avait un autre jeune équipier à bord mais, la veille du départ il a débarqué car il a eu une sale intuition…)

Une fois arrivé, comme le mouillage est profond Allan a voulu rabouter sa chaîne. Ils étaient tellement épuisés que le raboutage a été vite fait. Hélas ça n’a pas tenu. L’ancre est donc restée au fond par 20 mètres d’eau. Et c’est son ancre de secours qui vient de déraper ! Et ben non de dieu bonjour la galère ! Il y a des histoires comme ça qui semblent à peine croyable. Mais faut avouer que le type est spécial ! Le truc aberrant c’est qu’il va repartir pour Papetee tel quel sans voiles, avec un moteur qui marche une fois sur deux et cela n’a pas l’air de l’inquiéter plus que ça ! Est ce de l’inconscience ? De la bêtise ?

Une des jeunes équipières a rendu son tablier et l’autre demande à Marco un peu plus tard :

«  Tu ferais quoi, toi, si t’étais à ma place ? »

Question délicate à laquelle Marco hésite à répondre car s’il est sincère il dirait :

«  je me casserai vite fait ! »

Mais laisser un mec en plan tout seul, c’est pas cool ; alors il choisit de ne pas prendre position et tente de la rassurer, en lui donnant quelques conseils sur l’itinéraire le moins exposé pour rejoindre Papetee…

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Le 10/04

Aux dernières nouvelles, le gréeur est monté dans le mât et nous dit qu’il est possible de naviguer encore comme ça en étant vigilant de ne pas trop solliciter l’étaie.
S’il n’ y a pas urgence il faudra cependant le changer. Nous allons donc tenter de naviguer ainsi et lorsqu’on rejoindra le chantier de Raiatéa, on s’en occupera !
Ce qui est nous permet d’envisager de poursuivre notre route vers les Marquises mi Mai…

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