Du 11 au 21 Septembre 2016 – Hivernage de Tidoudou

Au lever du jour, nous nous activons car le bateau doit être sortit de l’eau. Keith, le mécano est déjà sur la jetée et nous invite à regagner le quai. Il nous indique une place improbable où l’on doit se faufiler entre des bouées et des bateaux.

Prise à dépourvu, je n’ai pas le temps de me poser des questions sur la manœuvre à effectuer. L’espace octroyé pour le bateau est au centimètre près et lorsque je me glisse dans la place indiquée sans avoir accroché ou touché quoique ce soit, le mécano semble plus qu’étonné et me crie – « Brillant !!! »

La grue arrive sans que nous ayons une seule seconde de répi, il faut préparer tout le gréement à être démonté, tout est dévissé, le mât tient malgré tout en équilibre. Je démonte la capote car le mât va être posé sur le bateau. Keith dit à Marco de monter dans le mât afin de passer une longe autour que la grue lui tend. Marco me regarde avec des yeux ronds comme des billes !
–  « Il est taré, le mât ne tient à rien… »
Mais pour Keith et les autres gars cela ne semble pas leur poser un problème, alors mon tarzan s’arme de son baudrier et de son courage et grimpe au mât bringuebalant.

Tout est en place, la grue enlève notre mâture et la pose sur le pont qui ne semble guère apprécier le poids. Puis c’est au tour du bateau d’être soulevé dans les airs ! L’opération impressionne les badauds regroupés autour et nous avec.

Tout est fait un peu à la roots avec les moyens du bord, comme le calage sur la remorque.

Parfois le bateau penche, glisse, ripe. J’en suis malade.

Sur la route, la hauteur du bateau nécessite de lever les fils électriques pour passer… Et la suite est encore plus corsée car le terrain meuble ne supporte guère les étais. Là, ne pouvant être d’aucune aide, je préfère m’en aller. L’opération de calage va prendre toute la journée. Marco et Keith finissent par construire un ber de fortune à l’avant, en soudant des poutres métalliques.

Le soir, lorsque nous montons à bord je ne suis guère rassurée, le bateau bouge et penche. Dans la nuit 2 étais tombent ( je suis encore moins rassurée..)
Le mec de la grue n’a pas voulu mettre le mât à terre de peur que le bateau bascule durant la manoeuvre, pas assez calé à son goût! aussi il va falloir se débrouiller avec Keith pour le faire nous même.
2 jours plus tard Keith et son tracteur se pointent pour s’occuper de cela ! On est en train de manger, mais dans les secondes qui suivent, nous voilà entrain d’oeuvrer pour une opération délicate.
–  «  Non mais, il est vraiment taré le type !» s’écrie Marco en voyant la filière pliée, le pont s’enfoncer avec le poids du mât et nous, tentant de porter l’arrière…
Après plusieurs essais et plusieurs frayeurs, le mât en équilibre est descendu!!
«  Ben vingt dieu ! C’était chaud ! »
Malgré l’ingéniosité de ce mécano, on estime qu’il est quand même un peu fêlé, même s’il n’a peur de rien !

Keith est mécano, mais également homme de toute situation.

Ce petit bonhomme ventru, au cou de taureau, ne se démonte devant rien. Derrière ses lunettes de vue, ses yeux pétillants et sourieurs affichent un air tranquille. Il répare tous les types de moteurs, comme en témoigne son jardin : bateaux, tracteurs, camions… En ce moment il fabrique même des roulements pour un avion et une remorque. Le cambouis, le gazole semblent être son maquillage quotidien. Du matin au soir, il répare, bricole et de temps en temps, il se débarbouille pour se transformer en capitaine. Il emmène des touristes voir les baleines ou pêcher en mer avec son gros bateau moteur. Un sacré type, avec un gros cœur, qui ne compte pas sa peine, mais il à l’air d’aimer bosser dur ! Alors c’est vrai qu’il ne donne pas dans la dentelle… mais il est efficace!

Son jardin atelier n’a rien d’un chantier, ce qui est, au final, assez plaisant pour nous ! Du bateau on a vu sur les belles montagnes et l’on est entouré de verdure, de poules, cochons… Le lieu est calme, on traverse la route et l’on est sur la plage. Même si nous n’avons aucunes commodités, nous apprécions ce «  chantier champêtre ».
Cependant, il faut avouer que cet hivernage n’est pas de la tarte, 8 jours intenses qui compensent largement les jours de glande que nous avons pu avoir à bord ces derniers mois ! Le fait d’avoir démâté, nous a donné un peu plus de boulot !!! En plus, le poids du mât sur le pont a endommagé les hublots qu’il a fallu recoller et autre bricoles à refaire…

Nous avons dû faire de la paperasse côté douane pour faire importer le bateau, vu que nous le laissons un peu plus de 6 mois !
Les billets pour la Nouvelle Zélande sont pris et le camping car réservé !
A nous la découverte de ce beau pays ( même si nous y sommes déjà allés il y a quelques années).
Le voyage se poursuit donc, un peu différemment, c’est ça qui est chouette…

Bilan de cette saison : Cette année on peu dire que côté vent nous avons été servi, un peu trop d’ailleurs !!! On savait qu’après le Nino c’était au tour de la Nina et que souvent les vents sont plus intenses, ce qui s’est vérifié. Du coup, nos choix se sont portés sur la recherche de lieux aux mouillages abrités. Ce qui n’est pas toujours évident lorsque les vents tournent. On peut dire que l’on s’est bien fait secouer ! On a eu beaucoup de grains, et les zones de convergences du Pacifique sont restées plusieurs mois dans les parages. Les créneaux pour naviguer étaient donc très réduits, sachant qu’avec notre petit bateau au delà de 25 nœuds de vent cela devient de la navigation sportive !
Malgré tout, nous avons pu découvrir encore des lieux extraordinaires, sauvages et de toute beauté. Et faire de belles rencontres. Il y a heureusement de douces compensations…
C’est vrai que la dernière partie du voyage a été très mouvementée et qu’elle nous a quelque peu refroidie. Aussi nous sommes contents d’être à nouveau terrien. Finalement vivre 6 mois sur l’eau et 6 à terre nous va très bien ! Et puis, même si vivre à bord ne coûte presque rien, il faut quand même travailler un peu si nous voulons poursuivre notre voyage…

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