Bali du rêve… au cauchemard

Il y a 30 ans, je m’étais jurée de revenir dans ce pays qu’est l’Indonésie. C’est ce continent qui m’a réellement ouvert à la passion du voyage. A l’époque, un simple sac à dos débordant d’enthousiasme et d’insouciance m’avait accompagné durant des mois à la découverte de Sumatra et ses îles, Java, Lombok et Bali ( où les prémices du tourisme commençaient à peine à éclore).

Me voilà de retour quelques bonnes années plus tard sur ces terres synonyme de douceur, de beauté et d’évasion… avec quelques métamorphoses opérées depuis : cheveux blancs, sac à roulette, hôtel réservé… La petite piste d’atterrissage à l’odeur de kérosène qui flotte dans ma mémoire ne semble être plus qu’un mirage, en apercevant du hublot le gigantesque aéroport. Je décide en un instant de laisser le passé et toutes références antérieures dans l’avion que l’on quitte. Seule façon à mon avis, d’appréhender un pays dans toute la fraîcheur qu’il a à nous offrir.

Roland, mon nouveau compagnon et moi recevons à la sortie de l’avion une caresse d’air chaude chargée de douces promesses.

Le charme indonésien ne tarde pas à opérer : sourires et gentillesse de ses habitants, vapeurs de culture hindouiste émanant des encens et d’offrandes aux divinités, temples somptueux ici et là…

Nous acceptons bien volontiers cette délicieuse immersion que ce soit du côté des vagues d’Uluwatu, où des rizières d’ Ubud et du centre de l’île… sans parler de la sublime immersion dans les spa et les mains expertes des masseuses Balinaises…

Nous rejoignons les îles Gili ayant quelque peu subies les méfaits du tremblement de terre d’Août dernier. L’île semble davantage dévastée par l’absence du tourisme que par les dégâts réels. Les locaux ont l’air affamé de cette chaire bénie. Les parasols au garde à vous, alignés sur le pourtour de l’île n’abritent que de malheureux matelas.

Seule une tête derrière le comptoir des restaurants laissent penser qu’ils sont ouverts. L’atmosphère est tristounette, la dépendance par rapport à ces dollars sur pattes fait mal au cœur… Il nous semble difficile de pouvoir manger dans tous les resto et nous vautrer sur tous les matelas de l’île même si c’est pour la bonne cause. Alors nous abrégeons notre séjour.

Je ne peux m’empêcher de constater que l’invasion massive touristique change beaucoup de donnes et pervertit, la plupart du temps, les lieux… Kuta, legian , Seminiak en témoignent, même la prostitution s’est à présent développée.

La date du retour se rapprochant, on prend l’option bord de mer à Padang-padang pour quelques dernières morsures de soleil avant l’hiver !

En cette veille de départ, nous ronronnons sur nos transats tranquille, se laissant envahir par cette douceur accumulée durant notre séjour, jusqu’à ce que… Jusqu’à ce que l’imprévu vienne soudainement nous prendre au dépourvu…

Et là, soudainement, en quelques secondes, toute la douceur vole en éclat, laissant place à une déferlante d’une violence inouïe…

Etant emportée au centre de cette vague, je ne pourrai relater la scène, mais je cède ma plume à Roland qui vient de s’improviser reporter-écrivain et qui j’en suis sûre à un avenir assuré dans ce domaine.

TEXTE écrit par Roland : 

À Bali du côté de Uluwatu, les jolies plages sont très difficiles d’accès ; ici c’est la Mecque des surfeurs, essentiellement Australiens. Il faut les voir évoluer sur des vagues de 3 m environ et juste au-dessus du corail.


Avec Sabrina, en se baladant en scooter sur des chemins style la route des demoiselles, nous avons trouvé un accès à une plage, pas très grande, quasiment personne, sûrement la plage des autochtones…

L’accès dans une falaise, un chemin similaire à celui de Venosc, 400 m de dénivelé sur une distance de 1 km… environ 600 marches, 10 mn pour descendre.
La plage : des bancs de sable distribués au milieu d’une lave calcifiée, qui nous offre des dalles granitiques parsemées de vasques plus ou moins profondes remplies d’eau turquoise et chaude.


Quelques petites cabanes de fortune tenues par de jeunes Balinais qui louent des paddles, des surfs, et tout ce qui peut leur rapporter un peu de roupies …

Nous décidons comme ç’est notre dernière journée de dilapider notre monnaie locale pour ne pas en avoir en reste dans notre bas de laine…. location de 2 parasols et de 2 transats , 120000 roupies équivalent de 7 € … pour la journée complète !
La marée est très haute, la plage réduite, le soleil brûlant, une séance lecture commence, entrecoupée de quelques ploufs, histoire de se rafraîchir un peu…
À côté de moi, Akim le tôlier de ces lieux, 20 ans environ, un sourire figé sur le visage s’affaire à redescendre tous ses transats au plus proche de l’eau.
Moi, affalé sur mon transat, à l’ombre et sirotant une noix de coco. La gêne s’installe et je me retrouve aussitôt à ses côtés dans la manœuvre de tout cet équipement…
– « Terimacasi !  me dit il à tout bout de champ…

Sama sama ! » je lui réponds dans la même bonne humeur….

Au bout d’un bon quart d’heure, je rejoins ma vahiné qui tranquillement me sourit et me lance :
– tu n’as pas faim ?
– oh ! que oui, et si nous allions à l’autre bout de la plage, dans la pagode repérée la veille ?
Et nous voilà, les pieds sur un sable brûlant (enfin selon les dires de Sabrina) car moi j’ai toujours des sandalettes sur la plage et même dans l’eau… ce qui amuse cette dernière qui prend un malin plaisir à me taquiner
Repas local, poissons grillés, riz et légumes arrosé de deux jus de bananes, mangues et noix de coco ! Nous croulons sous les roupies, donc glaces et cafés sur la terrasse voisine tout en regagnant notre campement… Je saisis masque et tuba, et hop !!! dans l’eau, un véritable aquarium des centaines de poissons m’accueillent les nageoires ouvertes. Sabrina préfère se mettre à l’ombre, pour continuer sa lecture… Je m’extirpe enfin de ma baignoire indonésienne allant tout droit vers une sieste improvisée mais tellement méritée !. À côté de moi, je sens que ça s’active, mon matériel de plongée n’a même pas le temps de sécher qu’il se retrouve sur le nez de ma jolie sirène! Je la regarde, toute bronzée, elle a l’air tellement heureuse…

Je referme mes yeux me laissant bercer par le bruit des vagues… une douceur m’envahit à me faire frissonner…

–  « Roland !!!! Roland !!! » !

J’entends encore son cris de détresse ! Je bondis hors de mon transat, elle est là, assise dans 40 cm d’eau à se tenir le pied, hurlant de douleur. Une fracture de la cheville fut ma première pensée… Je cours vers elle, elle ne peut plus parler et se tord de douleur… Je comprends alors, qu’elle s’est faite piquer par quelque chose… Oursin ? Poisson ?

Je n’ai pas le temps de saisir son pied, qu’un colosse Australien de 45 ans environ, se jette sur Sabrina, saisit son pied au niveau de la piqûre et compresse de toutes ses forces pour faire ressortir le venin… très sûr de lui, et en organisant tout autour de nous sans même lâcher ce pied en souffrance. Sous ses ordres, 2 jeunes surfeurs saisissent Sabrina, avec leurs bras musclés font une chaise de bonne fortune et sans même me demander mon avis, partent avec elle, direction le haut de la falaise… ces fameuses 600 marches, ce foutu kilomètre et ces 400 m de dénivelé avec en plus un soleil brûlant …

T

Tout cela en un éclair ! Du bien être, de l’insouciance pour tomber en 1 seconde dans la panique, la peur et l’incompréhension totale ! Ma Sabrina qui souffre le martyr, ces individus autour de moi qui s’agitent et qu’il m’est impossible de comprendre vue mon niveau d’anglais et leur accent Australien, pire que les américains ! !

Ils

Ils me kidnappent ma Sabrinette, sans même me demander mon avis et je les vois déjà au pied de la falaise sans me laisser le temps de plier bagages… pour moi c’est grave! Voir même très grave vu leur affolement! Je jette nos affaires dans le sac, j’essaye de me calmer et de faire tout dans l’ordre …. Me voilà à mon tour dans cette montée impossible…

Akim court vers moi et me dit dans un très mauvais anglais, le seul que je comprenne merveilleusement.

–  «  It’s Stone fish quickly quickly dead dead !!!

Je rattrape mes héros sans problème… enfin presque ! ç’est tellement raide et ce soleil si puissant ! Je me dois de les remplacer, mais hésite avant de leur proposer. Je suis cassé moi aussi, la gorge me brûle… Sabrina se laisse porter, ç’est sûrement la première fois que 2 Australiens standards surfeurs au corps bodybuildés, bronzés, tatoués, et dégoulinant de sueur : beaux mecs quoi !!! la trentaine… la porte aussi haut !!! Dommage elle n’a pas l’air d’en profiter…

Allez ! j’ai un peu récupéré, je leurs propose de les remplacer… Ils ne m’ont même pas entendu… Alors je les double, (pas trop de mal avec mon petit sac), et arrive au sommet avant eux. Direction le parking pour récupérer le scooter, il y en a des centaines, heureusement pour éviter de se brûler les cuisses sur la selle à cause du soleil, j avais mis un carton. je le repère assez vite !

Le plus dur reste à venir, comment installer Sabrina derrière moi à moitié évanouie, se tordant de douleur sur une selle qui fait 50 cm2 ? Bien souvent, la souffrance nous permet de faire des choses incroyables… La voilà installée par nos 2 Mrs muscles derrière moi, j’entends encore leurs voix :

« – Quickly quickly urgency urgency ! » Ils ne peuvent pas m’expliquer la direction à prendre, ils ne connaissent pas le coin…

Le scooter vrombit, nous voilà partis, oú ? Je n’en sais rien! Le but c’est de se rapprocher de la ville on trouvera bien… Au bout d’un kilomètre, je m arrête près de 2 piétons : « – do you Know where is the doctor ? » Ils ne comprennent rien, pas tous les Balinais parlent anglais… je repars au plus vite, fais gaffe Roland ici on roule à gauche, reste concentré !

Quelques kms plus loin, des chauffeurs de bus devant un hôtel, (entre chauffeurs de bus on devrait s’entendre !) Je renouvelle la question …. « – go strait on, go strait on !!! » Ca va on progresse … (même en anglais !)

Et là, plus loin, on tombe sur notre ange, notre sauveur, notre zorro ! Notre 4ème héros en même pas une heure… Deux anciens au bord de la route, un piéton et un motard, en pleine discussion, s échangeant des papiers, parlant très fort ! Nous arrivons comme un cheveux sur la soupe interrompant d’un coup d’un seul, une histoire de négoce vraiment importante! Toujours la même question de ma part, et là comme par enchantement je rajoute :

«  – Could you come with us to the doctor ? » Je crois que même moi, je ne comprenais pas ce que je disais … il me fait signe de le suivre …. et là, une folle course à scooter s’engage. Il a compris que c’est urgent, il décide d’aller à fond, tout en m’observant d’un coin de l’œil dans son rétroviseur.

Sabrina souffre de plus en plus, mais elle tient le coup !

Nous voilà roulant à 50 km/h … mon scooter c’est une mobylette, Sabrina ne voulait pas qu’on loue plus gros !

Premier village au bout de 25 mn de poursuite! Enfin une croix rouge, enfin une clinique!

A peine sur le parking, une porte s’ouvre. Deux femmes accourent vers nous, nous rentrons Sabrina à l’intérieur. Tout de suite elles comprennent que c’est grave, qu’ elles n’ont pas les compétences. Sans même que l’on ait demandé quoique ce soit un taxi arrive. Je saisis ma Sabrina seul et hop ! Nous voilà tous les deux enfouis dans ce taxi irréel, laissant là, mon scooter.
35 mn après, nous sommes à l’hôpital, enfin aux urgences! Enfin, enfin enfin…

Je n’ai jamais vu souffrir quelqu’un comme cela, pourtant la souffrance j’en ai vue dans mon métier de secouriste en montagne et je l’ai moi même expérimentée…

Des larmes coulent à flot sur les joues de ma princesse, j ai peur… Des pensées noires traversent mon esprit… Les portes du véhicule s’ouvrent laissant apparaître de petits hommes en uniforme. Le plus costaud se penche et m’aide à m’extirper de cette fusée roulante au couleur bleue ciel.

A peine dehors, je m’empresse de saisir Sabrina, une chaise roulante nous attend conduite par un tout jeune infirmier au sourire figé et tellement compatissant. Je regarde notre Alain Prost local et lui demande de m’attendre. Sans aucune question, il me fait comprendre qu’il patientera tranquillement.
Merde, j ai perdu ma fiancée! Elle et son carrosse ont disparu… Je décide d’y aller à l’instinct !
L’hôpital est tout neuf, d’une propreté étincelante, j’ai l’impression d’être chez Annick (mon ex femme !)
Tout est indiqué en Indonésien, rien en Anglais! Mince ! moi qui commence à maîtriser cette langue à merveille…
« keadaan darurat » cela doit sûrement dire urgency heu ! non urgence… je me surprends à traduire en anglais avant le français, «  my Rol you progress… »

Des portes automatiques s’ouvrent et se ferment sans cesse, je crois en elles, je fonce. J’ atterris dans un poste de commande, des dizaines de bureaux alignés et derrières des yeux, des yeux de partout ! Certains derrière des lunettes, avec tous un masque sur le nez. Tous là, me regardant en se demandant qui est cet énergumène… A ce moment précis, j’oublie Sabrina et me vois là : debout, du sable encore sur les pieds, les cheveux droits sur la tête, les lunettes de soleil sur le front et toujours en short de bain… à 50 km de la première plage! Je peux comprendre leur stupéfaction!
Je regarde sur la droite, derrière un rideau tiré, j’entr’aperçois une chevelure, une Tignasse que seule ma fiancée possède. Cette tignasse qui me porte et me fait rêver, oui c’est elle!

Allongée sur un lit médicalisé, elle aussi dans la même tenue que moi, en maillot de bain 2 pièces, un paréo sur les épaules, pleine de sable et remplie de douleur. La souffrance a encore évolué, elle a du mal à parler.

Des Balinais, pantalon et chemise en lin bleu marine, style chirurgiens hautement qualifiés prennent leurs pieds sur celui de ma chère et tendre… Tous les 3 détendus, plaisantant, échangeant entre eux des conneries, je le sais j’aurai fait pareil à leurs places…

Voilà ma Sabrina avec des tubes dans le Bras alors que moi j’ai toujours masque et tuba dans le sac à dos. Perfusée de la tête aux pieds, suppliant par tous les dieux Hindous (et dieu sait s’il y en a… ) de l’anesthésier. Ils ne semblent pas l’entendre…

Elle me saisit le bras, me suppliant à mon tour, (moi inefficace spectateur, tentant de comprendre le moindre de leurs mots, analysant tous leurs faits et gestes) Ils n’en sont qu’au stade du nettoyage et de la désinfection de cette satanée piqûre. Son pied est tout bleu, gonflé.

D’après moi, ce qu’ils font ne me semble guère efficace… pourquoi ne l’endorment t-ils pas ? Pourquoi ne lui font-ils pas une anesthésie locale? J’ai l’impression qu’ils prennent tout cela à la légère. Soudain, un individu, la trentaine, chemise et cravate, pantalon à pince, une breloque aussi grosse qu’une horloge à son bras apparait tel un miracle…

Dans sa main, le dernier des iPhone. Il est en pleine discussion. Tout en téléphonant, il s’adressent aux 3 pseudo infirmiers. Un ordre est donné, les voilà nous abandonnant là. Je ne sais que faire : caresses, réconfort, conseils de respiration sont les seuls moyens de me rendre efficace.

Elle veut de la morphine ! Elle veut s’endormir ! Elle n’en peut plus…

Mais où sont ils passés, que font ils? On les entend jacasser, ils m’ont l’air perdu à ne pas savoir que faire ! Je suis de plus en plus inquiet!

Enfin, les 2 plus jeunes reviennent avec une bombe aérosol à la main et des glaçons plein les poches. Ils s’emparent du pied et commencent à gazer celui-ci. L’homme à l’IPhone surgit de nouveau, arrache l’aérosol des mains du plus jeune infirmier, lit à voix haute l’étiquette sur le récipient et partent tous les trois d’un fou rire contenu, les obligeant à sortir du bloc. Ils nous laissent encore une fois seuls! Je les entends rire aux éclats, ils ont dû se tromper de bombe aérosol !

L’homme à la breloque revient aussitôt vers nous, avec une compresse de bétadine, essuyer leurs erreurs. Il me regarde et me dit : « – now pain killer ! Pain killer !!! Allez imaginer ma traduction… Je n’ai entendu que killer… meurtrier… Ils se sont trompés d’aérosol, il me parle de meurtrier… Je me demande sincèrement où nous sommes tombés … une bande de fous …

Et là! D’un seul coup d’un seul! Une illumination… Une réflexion… Des souvenirs ! Oui des souvenirs de mon passé de secouriste ressurgissent de ma mémoire …  « – where are you pain ? Where are you pain ? Your pain is here ? Ça y est j’ai compris! Je jubile! Pain = peine killer = tueur Le tueur de peine! L’anti douleur!!! Je suis trop fier de moi, je me retourne vers Sabrina pour vite lui expliquer… Elle me regarde tout en pleurant me dit : « – c’est bon Roland, rassure toi, ils vont m’injecter de la morphine! C ‘est elle qui s’est faite piquer! ç’est elle qui est empoisonnée par une substance mortelle! C’est elle qui pleure et souffre ! Et ç est encore elle qui traduit et tente de me rassurer! Les larmes me montent aux yeux, la gorge me serre, je lui cache ce moment d’émotion en me retournant vers notre équipe de Samu improvisée.

Mr Apple incise sa blessure, (le téléphone toujours rivé à l’oreille, semblant suivre les instructions données par l’appareil), la nettoie et la désinfecte du mieux que possible!

Une femme voilée, (je ne vous ai pas dit à Bali 80 % de la population est hindouiste et 20 % musulmane), elle fait sûrement partie de la plus petite tranche du camembert. Elle porte un masque de chirurgien, de grosses Ray ban noires mettent en vitrine ses yeux bridés. Imaginez le tableau, cachée de la tête aux pieds avec seulement cette monture dernière tendance sur le nez… Elle me saisit le bras et me lance d’un ton très autoritaire : « – Sir, you have to go outside to wait in the entrance hall! J ai tout compris! Oui d’accord, son anglais était sous titré du langage des mal entendants. Et tant mieux, car moi le langage des signes, c’est celui que je parle le mieux.

Le scooter !!! Le scooter !!! Vous vous souvenez ? Je l’ai laissé à plusieurs dizaines de km de l’ hôpital et je devais le rendre ce soir. Il me faut aussi récupérer toutes nos affaires à l’hôtel. Je me penche à l’oreille de Sabrina (malgré l’insistance de cette satané sainte vierge dernier cris) pour lui souffler de ne pas s’inquiéter, que je m’occupe de tout et que je reviens au plus vite !

C’est un supplice, j’ai l’impression de l’abandonner, de la confier à des demeurés…. Comment sera t-elle à mon retour? Prend elle conscience que je m’éloigne d’elle ? Oui, elle me dit d’être prudent… re grand moment d’émotion, les larmes coulent, je lui tourne le dos et l’abandonne…

Dehors Alain Prost mon pilote de course m’attend. Il est impatient d’avoir des nouvelles de Sabrina. Il parle le même Anglais que moi… langage petit indien… on se comprend à merveille …:
– Mrs good ?
– yes Mrs better ?
– you return scooter ?
– yes please, after scooter we go to hôtel ? Possible to you ?
– yes possible, possible Mr !
-teri macasi
– sama sama !
C’est merveilleux de se comprendre, de parler aussi bien une langue ! Merci Mme wonderle , ma prof d’anglais de 6eme ! Me voilà bilingue en quelques secondes !

45 mn plus tard, je tiens la main de ma Sabrina, elle est là un peu plus calme : poison, antibiotique et morphine plein le corps…. elle me sourit dans une grimace de douleur… 

« – Ca va mon chat ? Tu t’en es sorti ? » me demande t- elle.

– Chuttt, je suis là … ! »

3 Commentaires

  1. Vous vous en souviendrez dit : Répondre

    Quelle aventure !!!! Trop hâte de vous retrouver en tout cas !!!

    Des gros bisous

  2. Pellegrino Elisabeth dit : Répondre

    Waouh, tu m’as battue. Au Brésil, une morsure comme toi et j’étais dead. J’étais à 80 km d’une gde ville, ai fait 3 fois cette distance en voiture car ils n’avaient pas vu la fracture sur la radio. Si, au lieu du bassin, c’eut été la colonne… J’avais dit à Christian de me jeter aux requins mais il n’y en a pas.
    On a une bonne étoile, ou pas.
    Ce ne sera plus qu’un mauvais souvenir mais toi, au moins, tu as profité du séjour. Moi, c’était le 4ème jour de vacances !! Sniff.
    Remets-toi bien et bon retour.
    On t’embrasse fort. Bab

    PS : Roland a également de vraies qualités rédactionnelles. On lui fait aussi une bise, il a bien géré.

  3. Marie dit : Répondre

    Wahou! Ça décoiffe! Les mots pour adoucir les maux…Rol, BRAVO pour ton récit…😉
    Les aventures ne sont belles que lorsque l’on est encore là pour les raconter….
    Patience, confiance, et certainement prières dans le silence et le secret des coeurs….
    Fragile et belle: la VIE…
    Aujourd’hui, peut-être plus qu’hier, la conscience est éveillée différemment pour juste se centrer sur l’essentiel…
    Je vous embrasse, à bientôt de vous voir, soyez forts, soyez prudents, soyez fous, soyez HEUREUX…
    Marie-Pierre Lacaze.

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