Quelques petites histoires…

Le 25/05/2017

Nos routes sont faites de rencontres et d’histoires…

François et Thomas nos 2 Français (rencontrés sur le chantier) ont pu re mâter leur trimaran. Ils prennent la mer ce soir malgré la tempête qui sévit. Devant remonter sur Tahiti ,ils vont utiliser les vents du Nord que génère la tempête ( seule occasion pour eux d’être au portant et d’enquiller les milles!). Keith ( le mécano) et nous, allons leur larguer les amarres. Mais avant, (en attendant les douanes qui doivent passer), nous buvons quelques bières à bord du trimaran. Thomas qui a l’entière responsabilité du voilier s’est blessé avec sa perceuse, cet après midi ( un bon trou dans la main). Nous les sentons anxieux et pour cause ! La nuit approche, il est temps de leur larguer leurs amarres ! En 2 temps 3 mouvements cela est fait ! Les départs sont toujours sujet à fortes émotions. Le fait de partir vers l’inconnu, sans avoir de prise sur ce qu’il peut advenir, fait jaillir une sorte de vulnérabilité, de fragilité et peut être même d’humilité naturelle. A chaque départ, on ne fait jamais les marioles, que l’on soit grand navigateur ou petit… Dans ma tête une phrase surgit de je ne sais où ? – » Que dieu les garde ! ». Nous sommes 4 à les regarder partir et chacun pense que c’est de la folie… Nous restons là, jusqu’à ce que leur mât disparaisse dans la houle et la nuit…

Heureusement il ont un téléphone satellite et chaque jour ils donnent de leurs nouvelles : Leur mât semble tenir malgré les forts vents et la grosse mer. En 2 jours ils ont parcouru 200 milles malgré leur voilure plus que réduite. Le vent va à présent retrouver son secteur Est, ils vont devoir lui faire face aux alizés musclés de 25 nœuds…

5 Jours plus tard : Nous apprenons qu’ils ont réussi à regagner Raïatea… Ouf on est content pour eux ! Une histoire qui finit bien !

Ce matin nous bricolons avec Keith quand un mec arrive pour lui demander un bout de chaîne. Ils discutent un moment, pour moi la langue parlée ici est incompréhensible. Il s’agit pourtant bien de l’anglais mais avec l’accent je n’y pipe mot !!! Marco, lui a compris le sujet de la discussion et Keith nous éclaire davantage sur ce qu’il en est. En fait la chaîne est destinée à être enroulée autour d’un mort pour le couler au large demain. Quand un blanc décède ici, il n’y a pas de terre pour ses os ( toutes les terres appartiennent aux locaux!) du coup soit le corps est rapatrié en Nouvelle Zélande par avion et cela coûte une fortune, soit il est d’usage pour les gens peu fortunés de livrer le corps à la mer ! Une coutume bien étrange !!! Les poissons sont bien nourris ici!

Je n’aime pas trop les histoires noires, mais elles font parfois partie du voyage, alors allons y :

Lorsque nous étions arrivés à Rarotonga l’automne dernier, il y avait à quai un type avec son bateau chargés d’ une histoire glauque. Il venait d’arriver sans son équipière ( sa femme) tombée à l’eau. Il n’avait prévenu les secours que le lendemain et bizarrement la mer au moment de l’accident était calme. Les autorités ont donc mené une enquête et lui ont interdit de quitter le port durant quelques mois. Mais ne pouvant rien prouver, ils l’ont finalement laissé partir. Le gars quitte donc le port de nuit, parcourt 20 000 milles et appelle à l’aide par téléphone. Keith et les secours se rendent jusqu’à lui. Le bateau est en train de couler, mais pas encore suffisamment pour que l’on découvre qu’il a volontairement ouvert les vannes ! Il ne fait aucun doute que le type voulait couler son bateau afin de toucher l’assurance. Le bateau est remorqué jusqu’au port. Keith propose alors au type de lui racheter son bateau 2500$ ! L’autre s’esclaffe qu’il en vaut plus de 40000, mais au bout de quelques jours l’affaire est conclue. Le type peut ainsi se payer un billet retour en première classe en Australie. Les premières classes n’étant pas soumises aux contrôles des douanes, cela l’arrange car il transporte avec lui quelques lingots d’or peint en noir que Keith a pu voir de ses propres yeux…

Keith a pu prélever tout ce qui l’intéressait à bord ( radar, ordi ect…) et a réussi à revendre le bateau 10 fois son prix… Un bon troc pour lui !

Quand au type on ne sait pas s’il est en prison ou entrain de se la couler douce quelque part…

Cette histoire je vous l’accorde est un peu glauque et ce qui m’inquiète c’est que l’on va devoir se mettre à couple du bateau en question lorsque nous regagnerons le port ! Je n’aime guère l’énergie de ce dernier !

Nous devions mettre Tidoudou à l’eau dans 3 jours, mais Marco en regardant la météo ce matin, ne semble guère emballé à cette idée. Quelques dépressions arrivent et la SPCZ semble se réactiver, notre départ pour les Tonga ne pourra se faire avant une bonne semaine, le temps que cela passe…

Alors plutôt que d’aller se faire brasser dans le port, peut être est il plus judicieux d’attendre encore un peu. Le mât est prêt, les câblage sont en place. On a bien galéré pour remettre nos drisses dans le mât car nos cordelettes servant de messagers se sont fait bouffer… Avec une bonne dose d’astuce et de patience on y est finalement arrivé. Nous risquons donc d’avoir du temps devant nous, nous allons pouvoir jouer les touristes et repartir à l’assaut des montagnes et des lagons…

A très bientôt pour d’autres histoires plus joyeuses j’espère…

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