LA JOIE DE SE RENCONTRER

Se retrouver suppose que l’on se soit perdu…

Tout chemin terrestre est sinueux, parfois tortueux, s’égarer, se perdre, fait parti du voyage et de l’expérimentation ici-bas.

Il semble que nos sociétés modernes contribuent largement à ce que rien ne soit fait pour que l’humain incarne sa pleine dimension, mais plutôt qu’il s’en écarte…

L’enfant n’a d’autre choix que de suivre le chemin éducatif tracé. Souvent, celui-ci est loin d’être ajusté à sa nature profonde, et l’enfant va devoir apprendre à se construire en oubliant peu à peu qui il est. L’éducation lui permet toutefois, de se structurer en adoptant certains codes générateurs de mimétisme ou au contraire de rejet, en s’y opposant. En de rares cas, une éducation respectueuse peut permettre à l’enfant de découvrir son propre potentiel et d’être accompagné vers son autonomie.

Bien souvent, l’enfant va être bercé par la dualité, en premier lieu celle de la séparation, puis celle de la dissonance entre son ressenti intérieur et ce qui lui est proposé à titre éducatif.

Que ce soit par le biais d’une autorité abusive, de la violence, de l’humiliation, du chantage, de menaces, ou d’un « amour » parental envahissant, castrateur, non respectueux, l’enfant va devoir s’adapter, se soumettre, composer avec, pour survivre… Tout comme il devra le faire avec le moule sociétal qui lui est imposé. Tous ces formatages, ces conditionnements, et les blessures sous-jacentes à son éducation, vont l’éloigner de qui il est dans sa vraie nature.

Certains formatages peuvent être si profonds, qu’ils peuvent annihilés toute volonté de découverte. Préférant être le bon citoyen que l’on attend de lui, il suivra le chemin tracé. Endossant la casquette de la victime, se conformant aux règles établies de la matrice, (nourrissant ainsi ses dépendances par rapport à elle), il se satisfera des petits avantages et illusions qu’elle prodigue.

Certains d’entre nous, plus rebelles ou ayant une aspiration naturelle, un appel intérieur, oseront emprunter un chemin différent impliquant une remise en question de leur vécu, une déstructuration des formatages…

Ce long processus de désidentification passe inévitablement, par des phases souvent douloureuses : celle de la confrontation de nos croyances, nos idéaux, nos projections, mais aussi, celle de notre passé, de nos anciennes blessures. Un dépouillement du personnage fabriqué à partir de l’extérieur s’impose : (Ex : la mère ou père parfait… la femme ou mari serviable, aimant, gentil… l’ami(e) toujours disponible et à l’écoute… le sauveur, la sauveuse… la personne investie et reconnue dans son travail… l’homme fort, protecteur, la femme dévouée… ) Tous ces schémas s’appuyant sur des rôles basés sur le politiquement correcte, ou sur ce que nous voudrions être, étouffent notre véritable personnalité.

C’est pourquoi, la déconstruction, le désapprentissage, restent des vecteurs essentiels à cette voie vers soi. C’est en reconnaissant et identifiant tout ce qui nous a éloigné de nous-même, que nous serons à même de nous rencontrer.

Lorsque l’on mesure l’ampleur de l’identité construite sur l’ego et sur les normes établies, nous pouvons être pris de vertige. Comment imaginer que tout ce à quoi nous nous sommes identifiés n’est que façade ? Nombre d’entre nous, préfèrerons se satisfaire du personnage connu, plutôt que d’aller à la rencontre de celui qu’il est par nature.

Oser cette rencontre, demande beaucoup de courage car c’est un véritable saut dans le vide. Cela suppose d’être prêt à tout abandonner, à commencer par nos résistances, en l’occurrence celles du mental. Celui-ci étant le gardien de notre persona, il mettra tout en œuvre en trouvant maints prétextes, pour nous ramener à nos anciens schémas sécuritaires.

Accepter de mourir à cet ancien moi, sans savoir exactement ce à quoi se raccrocher peut-être terrifiant. D’autant plus, que la confrontation à nos ombres est inévitable. Cette dissolution d’une part de nous est un moment de grande vulnérabilité et parfois, d’états proches de la dépression. Le corps lui-même, peut-être mis à rude épreuve en étant le témoin de somatisations.

Cependant, c’est grâce à cette consumation de notre être factice, que nous pourrons nous révéler à nous-même, comme le Phoenix renaissant de ses cendres.

Le processus de recouvrement de notre réelle identité peut alors, s’amorcer.

Investir son être, se relier à soi, ouvre de nouveaux champs d’expérimentations. Un raccordement à notre conscience supérieure, à notre âme, à notre cœur, à notre énergie vitale, s’opèrent. En s’alignant à notre centre, à l’axe de notre être, nous réintégrons notre autonomie, ne dépendant plus ainsi, des facteurs externes. Nous devenons le générateur de notre vie à chaque instant. L’action n’est plus sujette aux dictas extérieurs, mais naît d’une l’impulsion intérieure consciente, plus ajustée et respectueuse.

Ceci permet l’acceptation de nos émotions, de nos ressentis, de nos ombres, de notre potentiel…

La spontanéité, l’authenticité de l’être se révèlent plus naturellement. Une plus grande transparence et vérité d’être, émergent. Une sensation de liberté, d’amour, de joie fleurissent.

Reconnecter à qui nous sommes est une sorte de création continue se vivant dans le présent. Ainsi le poids du passé ou la crainte de l’avenir ne sont plus des freins à l’expression et la manifestation de l’être.

La dualité s’estompe peu à peu, pour vivre dans une plus grande unité et une plus grande intégrité.

Des changements de vie parfois radicaux en découlent pouvant toucher différents plans : professionnel, relationnel, lieu et mode de vie, séparation avec tout ce qui n’a plus de raison d’être… De nouvelles aspirations et priorités se mettent en place avec un élan créateur et novateur.

Ce joli tableau devrait être une inspiration à nous rencontrer, pourtant il peut générer bien des peurs… Car, aucunes garanties ou assurances fournies, aucune sécurité vendue…

Seule la confiance intérieure peut nous accompagner vers la joie de se rencontrer !

Sabrina.C

“La vie est bien trop courte pour perdre son temps à se faire une place là où l’on en a pas, pour démontrer qu’on a ses chances quand on porte tout en soi, pour s’encombrer de doutes quand la confiance est là, pour prouver un amour à qui n’ouvre pas les bras, pour performer aux jeux de pouvoir quand on n’a pas le gout à ça, pour s’adapter à ce qui n’épanouit pas.

La vie est bien trop courte pour la perdre à paraître, s’effacer, se plier, dépasser, trop forcer.

Quand il nous suffit d’être, et de lâcher tout combat que l’on ne mène bien souvent qu’avec soi, pour enfin faire la paix, être en paix.

Et vivre. En faisant ce qu’on aime, auprès de qui nous aime, dans un endroit qu’on aime, en étant qui nous sommes, Vraiment.”-Alexandre Jollien – “philosophe et écrivain suisse” Que la vie est belle

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