La Méditerranée du 9 Juin au 7 Juillet 2012

De CARTHAGENE à CADIX du 1/07 au 12/07

1er Juillet ( ma fille a 20 ans!!!)

Les rues sont parées de drapeaux Espagnols, TV sorties et écrans géants sur la place du port. La coupe d’Europe de foot à lieu ce soir et nous tremblons d’avance. La cohue déjà bruyante en temps normal arrive avec tambours et trompettes. Malgré les boules Quiès nos tympans vont souffrir jusqu’à 4h du mat et nous prenons la mer à 6h. Autant dire que la nuit fut courte. Nous pensions faire notre plein de sommeil avant de partir dommage!!! Le soleil se lève sur l’immense port de Cathagène et une heure plus tard nous nous en éloignons. Les traînes derrière le bateau frétillent. Marco en relève une . Une belle bonite d’1,5 kg, se débat. Nous la remontons à bord. Puis une deuxième rejoint sa copine dans la marinade. C’est la fête à la bonite, il semblerait qu’elles veuillent toutes être assaisonnées à des sauces différentes. Après 6 prises nous estimons que c’est assez, c’est même trop aussi nous rendons la liberté à deux d’entre elles, et remercions celles qui se sont sacrifiées. Voilà de quoi manger durant notre traversée jusqu’à Gibraltar. Marco est déçu de ne plus pouvoir mettre ses joujoux derrière le bateau ( il faut avouer qu’ils sont très beaux ces faux poulpes de toutes les couleurs!) Nous glissons au portant durant de longues heures avec les humeurs du vent et de la houle. Des dauphins curieux nous accompagnent dans l’étrave. Un poisson lune remue sa nageoire dorsale maladroitement à 2 mètres de nous. La nuit est belle, la lune nous sourit de toute sa face. Nous la regardons aux jumelles, c’est une merveille.

Le lendemain après midi, alors sous spi à bonne allure; le vent tombe d’un coup. Nous nous rabattons sur le port le proche Almerimar. Nous optons pour une bonne bière et une nuit complète plutôt que de poursuivre au moteur. Au matin c’est repartit cette fois le vent nous fait carrément face. Durant 12 heures il va éprouver nos nerfs en passant de 5 à 30 noeuds. Nous tirons des bords de prêt serré. La houle, elle aussi a décidée de nous faire chier et nous ballote, passe par dessus le pont et arrête le bateau. Il nous faut manoeuvrer sans cesse, changer de voile, prendre des ris, virer de bords et on recommence. Puis le vent faiblit, puis il repart de plus belle…… Mes nerfs échauffés ne manquent pas l’occasion de se relâcher sur Marco (qui est chiant aujourd’hui lui aussi d’ailleurs, à moins que ce ne soit moi? ) Les côtes pourtant montagneuses et aux beaux reliefs sont dégradées par les étendues de bâches plastiques et immeubles bordant le littorale.

Vues les conditions difficiles nous décidons d’aller relâcher nos nerfs une nuit au port de Motril. Accueil à 22 h à la marina franchement désagréable, le mec du port nous gueule dessus. La manoeuvre que j’entreprends en marche arrière ne semble pas lui convenir. Elle s’avère pourtant efficace car j’arrive à rentrer Tidoudou dans un espace qui devait être réservé à un optimist. Le mec continu à gueuler sur Marco qui à son goût n’oeuvre pas assez vite pour mettre la pendille. Nous faisons mine de ne pas comprendre l’espagnol et mieux vaut que l’on ne sache pas le parler!

Motril est ce genre de lieu qui donne envie de partir direct!!!( usines, rues glauques…) Le vent étant déchainé aujourd’hui, on attend la tombée de la nuit pour mettre les voiles en espérant que la suite soit plus agréable!!! Vin dieu des fois qu’est ce que ça peut être chiant!!! hé hé! C’est ça l’aventure!!!

Le 05/07

Toute la journée le vent hurle, emportant avec colère le sable des plages voisines. Nous attendons patiemment que le vent tourne et faiblisse pour quitter le port. A 22h, l’occasion se présente, sitôt sortit du port nous sommes mis dans le bain des collines mouvantes. Nous faisons route évidemment face à ces murs d’eau noirs. Avec optimisme, nous décidons de hisser la grand voile, avec courage Marco rejoint le pied de mât. L’exercice est périlleux, avec ces conditions. Avec ses années de planche à voile, Marco a heureusement subit une transformation anatomique: pieds et mollets élargis et musclés, équilibration à toutes épreuves. Son pas lourd le ventouse sur n’importe quelle surface. Le génois est déroulé et Tidoudou affronte à présent cette houle sauvage. Mais voilà que des rafales viennent en plus nous secouer!!! – « Là ça craint !! Qu’est ce que l’on fait?  Ça risque d’être une nuit infernale!!» me demande-t-il?

– «  On essaye de continuer;

si non on ne pourra pas passer Gibraltar à temps et puis je n’ai pas envie de retourner à Motril!! »

– «  Ok!!! »

Dix minutes plus tard, nous regardons l’anémomètre lors d’un nouvel asseau du vent. Le génois est roulé en quatrième vitesse, le moteur mis en route. Là, l’un comme l’autre tombons d’accord d’un retour au plus vite au port. Je prends la barre à deux mains et surfe sur ces dos aqueux quelque peu effrayants sans toutefois oser me retourner. Au port ce n’est pas gueulard qui nous
attend, mais roublard. Il est une heure du mat, le mec de la marina nous propose de nous dispenser des formalités paperasses si nous lui donnons 25 euros cash et si on se barre avant 9h. On n’a pas envie de discuter à cette heure là surtout en Espagnol!!

Au lever du jour on s’éclipse. Un résidu de houle subsiste obligeant la mise en route du moteur qui va fonctionner durant 24 heures.

P1090223.JPG

Au fil de la journée le calme s’installe. Une mer d’huile bleutée s’étend sous nos yeux. Le balais des dauphins dans cette eau transparente est d’une beauté sans pareil.

P1090238.JPG

P1090242.JPG

Un des plus beau spectacle nous est offert, ces créatures malicieuses nous éblouissent par leur danse. Nous montrant leur ventre, synchronisant leur nage, leurs sauts, tapant leur queue en surface, nous faisant des clins d’oeil, venant toucher nos pieds qui pendent le long de l’étrave. Ils restent de longs moments. Puis une nouvelle escadrille prend le relais, nous sommes ainsi escortés jour et nuit jusqu’à Gibraltar. Lorsque nous sommes dans le cockpit, ils viennent nous chercher à l’arrière se manifestant par des sauts pour nous conduire à l’avant au niveau de l’étrave ( leur lieu de prédilection). Si nous ne les suivons pas, vexés, ils s’en vont. Nous rencontrons en chemin quelques tortues se prélassant au dessus des abysses.

Le 07/07

6 heures du matin je reprend mon quart, nous approchons du détroit. En quelques minutes un épais brouillard nous encercle. On ne voit pas à 20 mètres, ennuyeux car il se trouve que de nombreux cargos stationnent dans le coin. Heureusement l’AIS marche, je descends donc toutes les 5 minutes contrôler l’écran à la table à carte et remonte illico percer le brouillard de mon regard aveugle. La corne de brume est sortie ainsi que le bouquin des signaux sonores. L’air s’emplit d’humidité et de mugissements sonores des cargos. ( un coup long ils font route, deux coups longs ils sont arrêtés)

Pour ne pas être en reste; je fais entendre ma petite corne de brume dont le son ridicule n’effrayent que les oiseaux et Marco qui se réveille.

P1090273.JPG

P1090259.JPG

Il nous faut slalomer entre ces monstres d’acier endormis, contourner des remorqueurs… Comme par magie lorsque nous arrivons à hauteur du rocher de Gibraltar, le brouillard se dissipe.

P1090265.JPG

Nous apercevons les côtes du Maroc dans des lambeaux brumeux. La vision est sur-réaliste. Ce lieu généralement balayé par les vents furieux est aujourd’hui calme, une aubaine pour nous!

P1090270.JPG

Nous ne tardons pas à mettre le spi et traversons le détroit en prenant soin de s’écarter du chenal des cargos qui vont et viennent de tous côtés. Là encore des dauphins, tortues et poissons lune passent à côté du bateau. L’heure de la marrée est favorable et nous pousse tranquillement vers la sortie.

P1090276.JPG

Derrière nous le brouillard enveloppe à nouveau le décors. Craignant qu’il nous rattrape, nous nous dirigeons au port de Tarifa. Mais pas moyen de s’amarrer alors nous poursuivons vers Barbate. Nous échappons au brouillard et arrivons enfin à la marina à la tombée de la nuit, exténués. S’en est finit de la Méditerranée, malgré les bons moment passés; nous sommes contents de la quitter, la navigation y est difficile car la météo est trop instable et imprévisible. Sa houle courte, souvent croisée est épuisante. Néanmoins, grâce à elle, nous avons pu parfaire nos manoeuvres, accroître notre vigilance et adaptation. Nous sommes armés pour l’atlantique!!!

Le 08-09/07

De Barbate nous prenons un bus pour Gibraltar pour quelques achats matériel bateau ( étant une enclave Anglaise, il n’y a pas de taxes). Arrivés à la douane, je m’aperçois que je n’ai pas mon passeport; je n’ai pas d’autre choix que d’attendre Marco toute l’après midi à la terrasse d’un bar de trafiquant. J’assiste au manège de contrebande de clopes ou je ne sais quoi? Des femmes arrivent en bande derrière le bâtiment me faisant face, avec un cutter l’une d’elle coupe le cellophane entourant leur ventre, puis vide le contenu dans des sacs plastiques. Très vite un homme arrive prend le sac, le pose dans le coffre d’un scooter, un autre type vient discrètement récupérer la marchandise. Cela continu ainsi sans interruption. De vielles dames aux tables à côté font les vigiles, faisant des signes se levant négocier, palabrant ( toujours très fort!!)… En me voyant assise là, on m’aborde me prenant pour je ne sais quelle trafiquante!!!

– « No intiendo nada, no,no, bale!!! »

Je suis soulagée de voir revenir Marco et contente de quitter ce lieu mal famé.

Le 10/07

On met les voiles sur Cadix, il nous faut 14 heures pour y arriver. Malgré le vent régulier il nous faut tirer des bords car nous avons le vent de face, cela rallonge ainsi notre route! L’air de l’atlantique est plus vif.

– «  Non mais toi !!!

franchement on se demande comment tu as fait pour vivre en montagne avec des températures négatives! On est quasi en Afrique et tu trouves moyen de mettre une polaire!!!

– «  J’ai l’onglet je te signale!!! »

P1090279.JPG

A la tombée du jour les maquereaux affamés mordent les uns après les autres aux leurres. Encore une belle pêche qui nous occupe durant deux heures!!!

Nous arrivons de nuit dans l’énorme port de Cadix. L’entrée n’est pas évidente, parsemée de hauts fonds, de lumières qui clignotent. Nous évitons de justesse une énorme barge non éclairée au milieu du chenal. Bonne frayeur! En fait de jour nous nous rendons compte qu’il s’agit de construction en béton celle que nous voyons sur la photo.

P1090285.JPG

Au matin nous découvrons l’ancienne ville de Cadix aux jolies ruelles piétonnes et aux monuments parfumés d’anciennes civilisations et de la nouvelle qui dénote quelque peu!!!

P1090277.JPG

Nous airons dans le marché aux poissons, reconnaissant une espèce que nous avons capturer la veille, nous voilà rassurés il est comestible ( et fameux d’ailleurs).

Ce soir nous regagnons un mouillage dans le port de Cadix( presque beau ce coucher de soleil sur les grues au mouillage). C’est un couple de hollandais qui nous l’a conseillé. Ces deux personnes voyagent depuis vingt ans en bateau et terminent leur périple au printemps prochain après leur séjour au Portugal. Ce sont des mines d’or côté informations! Leurs visages rayonnent de pays lointains et d’une vie riche!!!

Ils partent eux aussi pour remonter la rivière Guadiana, nous les recroiserons certainement sous peu. Aujourd’hui à Rota, gros village aux maisons basses et blanches, beaucoup de charme!!

P1090286.JPG

Nous partons récupérer une bouteille de gaz à une heure à pied!! Une pose internet à mi chemin!!!

DES BALEARES à CARTHAGENE du 21/06 AU 28/06

21-28 Juin

Les premiers jours d’été nous croquent sans pitié. La menace de l’insolation rode sur nos têtes, malgré chapeau et casquette. Nous trouvons refuge à l’ombre des voiles, ou à l’intérieur tous hublots ouverts. Deux jours à passer au mouillage à Porto Colom.

Marco entreprend de changer une pièce du chauffe eau. Celui-ci à eu chaud car il a failli finir à l’eau accompagné de jurons!!! (d’où son nom ). Je lui ai sauvé la vie et il reste tapi sous mon lit dans l’attente d’une prochaine réparation.

Le vent se calme et nous reprenons notre route en direction de l’île de Cabrera ( au sud de Mayorque). La brise pour une fois régulière et constante nous pousse à bonne allure. Nous contournons l’île et bien vite le vent faiblit , nous obligeant à mettre le moteur toute la nuit. Au lever du jour, après 22 heures de navigation, nous découvrons les côtes d’Ibiza. Montagnes arrondies et vertes, falaises découpées aux abords des rivages. Nous trouvons un joli mouillage sauvage au Nord de l’île.

P1090146.JPG

Marco armé de son fusil de chasse va traquer le poisson, pendant que je pétri le pain de ce soir. Petit retour aux saveurs d’antan!!! Faite de choses simples et essentielles, celles de se nourrir. Au bout de deux heures ne voyant toujours pas rentrer mon pêcheur, je m’inquiète. Pris dans le jeu du chasseur, il n’a pas vu l’heure passer ni même sentit le froid. Il revient avec ses premières prises: 3 petits poissons qui nous ferons un repas!!! Il est enthousiaste par cette nouvelle activité et je ne doute pas qu’il saura rapidement être efficace. C’est comme pour tout ce qu’il entreprend et lui tient à coeur.

P1090139.JPG

Au matin, il faut grimper au mât pour vérification et opération barres de flèches. Je me porte volontaire pour la mission et entreprend ma première ascension céleste. Arrivée au premier niveau des barres de flèches, les ayant enrubannées de scootch, j’estime que je peux redescendre. Mais cela n’est pas l’avis de Marco qui me lance:

« – Hé tu vas pas faire le boulot à moitié, tu montes finir les autres et tu iras voir en tête de mât!!!

Le harnais me coupe la circulation des jambes mais je vois bien que je n’ai d’autre choix, vu que c’est lui qui tient les rennes de ma descente.

Finalement c’est guère plus impressionnant à 3m ou à 10m. Heureusement il n’y a pas trop de houle!!! Juste quelques ondes qui me valsent dans les haubans. Direction San Antonio, une ville au Sud Ouest.

Les vents dans cette région sont indomptables, ils sautent d’une direction à l’autre sans prévenir. Entre le thermique, les effets de côte et les vents dominants c’est la bataille.

P1090128.JPG

Marco sort le sextan, il va falloir le faire marcher cet engin. Si un jour nous sommes en panne d’ordinateur il prendra le relais pour nous guider. Les belles positions qu’adopte Marco pour capter l’angle du soleil, ne nous donne pas encore notre position. A chaque traversée nous sommes salués par les dauphins. Selon l’espèce et leur âge, leur comportement ne sont pas les mêmes. Un jour deux jeunes dauphins joueurs viennent faire les torpilles et des sauts sous nos yeux éblouis. Ils ont l’air excité et ravis d’avoir des spectateurs. Une autre jour, un groupe d’énormes dauphins coupent notre route, ne laissant apparaître que leur dos de temps à autre. Ils sont paisibles et décidés, majestueux dans leur déplacement, ils inspirent le respect. L’énergie qu’ils dégagent est à chaque fois différente mais toujours envoutante. Les côtes Nord Ouest sont vraiment superbes, c’est sauvage, paisible.

P1090148.JPG

Quel contraste lorsque nous arrivons à San Antonio. Des barres d’immeubles cassent toutes la beauté de la côte, des verrues humaines qui ont poussées sans égard pour dame nature. Dans la baie, c’est la frénésie: de gros bateaux jet charrient des touristes en soif de vitesse. D’autres tractent des cerfs volants où sont accrochés des touristes en soif d’altitude, d’autres encore, des bouées où se font secouer des  touristes en soif de sensations. Quelle agitation, nous croisons des bateaux tractant tout ce qui est possible d’être tracté même un gros Anglais qui fait le sous marin avec son waque board. Nous mouillons aux abords d’une plage pas loin de la marina. Le bruit de la techno des hôtels voisins empli nos oreilles. Cela finit de nous épuiser. Loin d’avoir envie d’aller à terre, nous nous enfermons dans le bateau avec notre mal de tête. Ravitaillement et check météo sont les seules raisons qui nous amènent en ville. Le lendemain chose faite, nous pouvons remettre les voiles et déguerpissons au plus vite. Une bonne fenêtre météo pour entreprendre la traversée vers Cartagène, nous rejoignons donc les côtes Espagnoles.

Durant 12 heures nous glissons au portant avec un bon vent. A la tombée du jour il faut mettre le moteur, la houle ne nous permet plus de faire route, les voiles claquent. Une nuit noire tombe sans lune, sans étoiles; s’en est presque effrayant ce noir total!!! A l’aube, nous hissons à nouveau la voilure. Très vite la chaleur s’installe. Une chape de plomb grise brûlante s’abat sur nous. Un taux de soleil nous permet de rester néanmoins, dans le coockpit.

On peut imaginer ce que va être la chaleur un peu plus au Sud de l’Espagne!!!

De lourds pas résonnent au dessus de ma tête lorsque je tente d’aller me reposer. J’interroge Marco.

« – Je vois un gros truc flotter, on dirait un contenaire !!! » me répond il.

Lorsque nous nous en approchons il s’agit en fait de 2 baleines pilotes. Elle se prélassent dans une nage lente, offrant à notre vue leur dos et ailerons. Quelques heures avant nous admirions des dauphins, toujours fidèles lors de nos traversées. 34 heures plus tard, nous arrivons de nuit dans l’immense port de Cartagène.

P1090157.JPG

Ville très belle étonnamment! Où les vestiges des Romains en plein coeur sont encore visibles. Les rues sont pavées de marbres, les façades richement sculptées. L’art semble présent en ce lieu. C’est tant mieux car nous voilà quelques jours coincés ici. Le vents souffle et ne faiblira que Lundi.

P1090165.JPG

Si tout va bien, nous devrions en 48 heures arriver au détroit de Gibraltar. Le passer sera une autre histoire. Vents violents, forts courants, balais de cargos, filets de pêche etc… rendent ce passage compliqué. On verra bien!!!

P1090169.JPG

LE DEPART de SETE jusqu’aux BALEARES du 09/06 au 20/06

Le 9/06/2012

Lever du jour, le frangin et Cécile nous larguent les amarres du quai de Sète. Sitôt en mer, les voiles sont hissées. Un bon vent d’accueil nous éloigne du rivage avec douceur.

« – Là ça y est, on est vraiment partit!!! »

Toute la traversée du golf du lion se fait au travers à bonne allure. 12 heures plus tard, nous passons le Cap Creus. Côté Espagnol les vents changent de directions et d’intensités. Jonglant entre manoeuvres, moteur, changement de voiles nous passons les 12 heures suivantes à s’adapter au caprice du vent Espagnol. En pleine nuit, un cargo nous charge tel un taureau, il dévie sa route au dernier moment. Les dernières heures sont éprouvantes le vent monte, nous l’avons de face. La houle forcit. La nuit noire laisse apparaître les lumières de Barcelone. Nous tirons des bords sans jamais s’approcher de notre but. Nous réduisons la voilure car ça souffle et nous nous faisons secouer. Les yeux remplis de sommeil , à minuit, nous arrivons enfin au port! ( après 40 heures de navigation). Nous tombons dans un profond sommeil.

Le 11 /06

La chaleur Barcelonaise nous surprend tout autant que le flot humain. Ces décalages nécessitent une certaine adaptation que le cerveau n’intègre pas forcément dans l’instantané. Nous faisons un tour de la ville remontons la Rambla comme tous bons touristes.

P1080972.JPG

P1080974.JPG

Mathis et Killian deux adorables gamins que j’ai en cours de ski l’hiver, viennent nous rendre visite sur le bateau avec leur maman!! ( petit clin d’oeil en passant à ces petits skieurs qui marquent ma mémoire comme Benjamin , mélusine…)

Le 12/06

Nous attendons nos deux moussaillons pour aller aux Baléares, ils doivent nous rejoindre en avion. Après un check météo il semblerait que la fenêtre opportune soit ce jour, car le lendemain le vent faiblit et s’oriente dans le mauvais sens de notre route c’est à dire de face. Titouan et Sean arrivent plus tard que prévu. Ils sont mis au parfum sans ménagement!!!

– «  Bon voilà le topo: on a pas trop le choix il faut partir maintenant, ça risque de souffler un peu au départ, mais après ça devrait être plus calme!!! Vous vous sentez prêts? »

Cinq minutes après avoir mis les pieds sur le bateau, nous quittons le port avec une vague d’excitation. Mon fils et Sean découvrent la navigation hauturière, ils sont enthousiastes et contents.

A la sortie du port, le vent ne tarde pas à prendre des tours. Sitôt passées les dernières protections, nous sommes dans le bain directe 30 à 35 noeuds, houle croisée dans tout les sens. Sean ne tarde pas à virer au blanc et à regretter son Macdonald du midi gaspillé au fond du seau. Grosses conditions de départ, Marco me chuchote à l’oreille:

– «  C’est chaud !!! on devrait peut être faire demi tour, ça va être un enfer pour Sean!!! »

Je demande à Sean ce qu’il en pense. Il nous dit que c’est ok!!! Les deux compères sont habitués à l’eau, c’est leur milieu. Ils surfent depuis tout petits, aussi je ne suis pas trop inquiète pour eux.

P1080980.JPG

L’amarinage est certes un peu violent!!!

En regardant la côte une heure plus tard, nous observons un étrange phénomène. Toute la côte se trouve balayée par un nuage de sable d’une hauteur impressionnante!

IMG_2738.JPG

A bord, on s’active en réduisant les voilures au maximum et en s’afférant aux manoeuvres, nous nous relayons marco et moi à la barre. Le vent ne cesse de tourner et garde une intensité inquiétante. Sean continu de vomir pénard à l’arrière du bateau, s’endormant accroché à son seau. Titouan garde son enthousiasme malgré les rudes conditions, il a totalement confiance! Pas de danger maman est là et Marco assure!!! Le soleil musically fans no verification or survey décline, petit temps de répit durant lequel Titouan et moi assurons notre quart. Sean est hors service, il a réussi a rejoindre courageusement une couchette. Il n’en bougera plus jusqu’au lendemain midi. L’horizon se pare de gros nuages noirs qui se rapprochent de nous. La nuit enveloppe la mer en colère. A peine allongée, Marco vient me chercher. Le mousqueton d’une drisse a cassé. Celle-ci est remontée en haut de l’étai, s’emmêlant autour du génois.

– «  C’est la merde, on a plus de voile avant!!!! »

Marco veut monter au mât. Vu la houle, le vent et la nuit j’arrive à l’en dissuader.

IMG_2739.JPG

L’orage se pointe, il faut agir. Nous passons une heure à trouver des astuces pour l’attraper. Voilà maintenant des éclairs et l’orage qui nous arrive droit dessus. Il faut fuir, mieux ne vaut pas se trouver dessous. ( l’expérience de ma soeur Ophélie, nous a servit de leçon: dans un même cas au même endroit, leur bateau a perdu le mât, l’équipage leurs tripes et presque leurs vies.)

Demi tour, voiles et appuis moteur, on se barre au plus vite. Il nous faut changer de direction, c’est une course- poursuite avec les éléments. On en réchappe. Nous reprenons notre souffle, mais très vite un deuxième orage semble arriver.

« – Mais c’est pas possible c’est l’enfer!!! »

Heureusement les mousses dorment épuisés par ces premières fortes émotions. Le ciel s’éclaire d’aube et de foudre, c’est repartit pour un tour de course- poursuite. Nous n’avons pas
d’autre choix que de prendre un autre cap.

Le jour se lève Marco et moi n’avons pas dormi, et les émotions furent fortes. Mais rien en comparaison avec ce qui va suivre!!!

Le vent forcit à nouveau, nous affalons la voile avant, mettons 2 riz à la grand voile.

« – Regarde là devant c’est bizarre!!! l’eau se soulève, ça forme un rond!!! »

« – Oh lala!! ça craint »

Avant que nous n’ayons le temps de faire quoique ce soit, la trombe d’eau de 5 mètres de diamètre se dirige sur nous et passe à 5 mètres du bateau. Elle libère un gros pet et se disperse.

Tous tremblant nous regardons autours de nous, le vent semble s’énerver encore.

« – Oh vin dieu!!! Qu’est ce que c’est que ça encore? »

IMG_2742.JPG

« – Mais c’est…. c’est une tornade!!! »

Le haussement de nos voies et notre inquiétude gagnent les couchettes, réveillant les jeunes. Sean ne peut pas se lever, mais Titouan sort armé de son appareil photo.

A un mile environs, une base gigantesque se forme et très vite, la tornade s’élève dans le ciel gris.

Le fiston commente le phénomène, prenant des photos, sans vraiment réaliser la gravité de la situation. Nous le stoppons dans son rôle de reporter, afin qu’il nous aide à affaler la voile restante!

Dans nos têtes ça mouline à fond. Nous essayons d’imaginer la suite. La tornade se rapproche. Nos coeurs battent, nous sommes impuissants nous n’avons plus qu’à attendre et prier.

C’est ce que je fais.

Les secondes s’allongent interminablement. Où va -t-elle passer? Que va t-il se passer? Je me rappelle que l’on m’ait dit que le déplacement d’une tornade est imprévisible.

Nous sommes sous son vent, mais je garde l’espoir qu’elle change de direction. Et d’un seul coup à presque 500 mètres de nous, le haut de la tornade se disloque, puis le centre, elle
s’éparpille et disparaît.

Cris de soulagement et commentaires accompagnent cette heureuse disparition!!!

Marco reste sur le pont pendant que Titouan et moi regagnons notre couchette. Les gamins dorment comme des bébés. Je ne peux trouver le sommeil. Je suis encore sous le choc.

Le vent s’est calmé, je prépare un thé à Marco.

Nous nous regardons, échangeons quelques mots et laisse couler mon émotion dans ses bras. Peu à peu le calme revient avec le soleil, la houle se fait moins forte. Le vent nous fait face, mais a faiblit.

Nous pouvons à nouveau mettre de la toile et tirer un long bord de près. Vu la direction du vent et notre état de fatigue, nous optons pour la route la plus courte: Mayorque ( nous voulions commencer par Minorque).

Les mousses pointent leur nez à midi comme des fleurs!!! Sean n’a plus le mal de mer, ils ont passé une bonne nuit et ont très bien dormi. Apparemment nous n’avons pas eu la même!!!

Marco et moi n’avons encore jamais connu des conditions si difficiles tant côté météo que navigation. La Méditerranée a la réputation d’être imprévisible et violente, nous le vérifions.

Douze heures éprouvantes qui pourraient ternir notre goût du large, mais qui s’oublient très vite dès que la mer se fait clémente. Un vieux dicton veut: que tout nouvel arrivant à bord soit saluer par un coup de vent!!

C’est chose faite; nos deux loulous ont été baptisé. Une bande de dauphins viennent nous ramener la joie à bord. Une dizaine jouent dans l’étrave. Nous voyons se dessiner les côtes de Mayorque, six heures sont nécessaires avant de les atteindre. Nous traînons des lignes derrière et ramenons un gros thon magnifique, c’est l’excitation générale. Seul hic; en le soulevant, il se décroche. Cris de déception!!! On se promet la prochaine fois d’être plus astucieux et d’utiliser le crochet. A la nuit, nous arrivons au port, épuisés nous tombons dans un sommeil de plomb.

Le 13/06

P1080989.JPG

Après une balade ravitaillement au village, nous repartons. Nous longeons les côtes Nord de l’île. Paysage de falaises abruptes, criblées de trous. L’eau a une belle couleur. Nous nous dirigeons vers une crique au Nord Est que nous rejoindrons au coucher du soleil. Le magnum de champagne sera ouvert à l’occasion de ce premier mouillage. L’apéro se termine à 3 heures du matin.

Le 14/06

Réveil par un plongeon dans l’eau turquoise. Marco essaye son nouveau matériel de chasse sous marine, je pars explorer les fonds. Les jeunes ont repéré un rocher du haut duquel ils plongent.

IMG_2753.JPG

La pêche n’est pas fructueuse. C’est du bateau en appâtant les oblades avec du pain, que le premier meurtre à lieu avec le nouveau fusil. Le petit poisson est tout aussi surpris que nous de se  retrouver planté d’une flèche. Nous poursuivons notre route vers Minorque. A la tombée du jour un espadon saute à 20 m du bateau. Nous assistons au coucher du soleil sur la mer et le rayon vert nous transperce de contentement.

Arrivée tardive au mouillage par une nuit sans lune. Marco à la proue, Titouan sur l’ordinateur donne notre position sur l ‘AIS, Sean fait le porte voie et surveille la profondeur d’eau, moi je barre.

Nous ne voyons rien, soudain Marco crie:

« – Demi tour vite!!! »

Le bateau vire à quelques mètres des falaises, nous abandonnons l’idée de mouiller ici. On repars vers la ville Ciudadela, nous avons repérer un mouillage à l’entrée du port. Nous le tentons mais l’espace est restreint, nous sommes Les encerclés de rochers. Nous levons l’ancre et nous nous rabattons sur le port au ponton gazoil, pour terminer notre nuit. Avant de nous faire dégager, nous nous levons tôt. Titouan et Sean ont trouvé une douche à la marina. Aussi nous allons rapidement nous dessaler avant de repartir.

Le 16/06

gars doivent reprendre l’avion à Ibiza le 22 juin. Nous comptons les jours restants et changeons notre programme. Nous devions contourner Minorque par le Nord et l’Est mais cela risque d’être trop long. Aussi nous continuons en longeant la côte Ouest. Courte navigation pour rejoindre un joli mouillage bordé de plage de sable blanc. L’eau est turquoise, on nage, on sort le kayak. La journée glisse paisiblement. Cet endroit est relativement fréquenté, c’est dimanche. Il fait chaud, c’est super.

Le 17/06

Je suggère que nous allions à Mahon, j’ai ouïe dire que l’endroit vaut le détour. Tout le monde est partant. Un bon vent régulier nous accompagne dans notre bord de près.

Sean regarde les lignes de traîne et annonce:

« – On dirait que ça a mordu!!! »

Il vérifie la tension du fil et confirme. D’après lui, c’est un petit poisson.

Tout le monde se rassemble à l’arrière du bateau pour voir la gueule du poisson.

Stupéfaction lorsque l’on ramène la traîne, un énorme truc se débat. On en croit pas nos yeux, chacun de nous, voulons le nommer: requin, thon, espadon??? C’est tellement gros!!! L’organisation à bord va bon train, il faut maintenant le sortir.

Je mets le bateau à la cap afin de nous stopper. Sean tient la ligne, Titouan attrape le crochet, Marco se prépare pour le sortir. Chacun est prêt et à son poste complètement excité. Un grand coup de crochet transperce le poisson. On le hisse, on le tient et étonnement il ne se débat pas plus que ça. Je passe le couteau à Marco et sur la plage arrière c’est la mise à mort.

Il est tellement grand qu’il dépasse de part et d’autre de plate forme. Un bout dans les ouïes, nous ferrons notre proie afin qu’elle ne nous échappe pas. C’est un Marlin d’un mètre quatre
vingt, pesant une bonne vingtaine de kilo. Après une séance photos, Marco le vide et le découpe en tronçons à la scie à métaux.

IMG_2775.JPG

Je passe l’heure suivante à le préparer, en faire des filets. Il finit peu de temps après dans le frigo et à la poèle le midi. Nous sommes tous sur excités par cette pêche incroyable et mémorable.

P1090081.JPG

« – Quand on va à Mahon on choppe du gros poisson!! » Peu avant d’arriver deux énormes dauphins de 3m de long viennent nous voir! Journée énorme! Nous arrivons au mouillage par un bras
de mer s’ouvrant sur un plan d’eau abrité. Autour de nous une végétation rase et des remparts. La ville est derrière le mont au fond d’une baie profonde.

Le 18/06

Nous gonflons l’annexe pour rejoindre la ville. Endroit surprenant pas très accueillant au départ, mais le centre est sympa. Beaucoup de touristes fraichement débarqués d’un paquebot de croisière trainent dans les rues.

P1090119.JPG

P1090102.JPG

Quelques achats et nous regagnons notre coque. Nous attendons le lendemain pour commencer la traversée en direction d’Ibiza.

Le 19/06

C’est repartit pour 80 miles, départ au moteur au lever du jour. Le vent semble s’établir et toutes les voiles sont hissées. Nous filons à 6,5 nd, bon rythme. Les gars retournent finir leur nuit. Marco surveille l’horizon et les caprices du vent. Moi j’en profite pour écrire un peu. Le vent monte soudainement à 25 nd, il faut réduire la voilure. La houle se met de la partie, nous nous faisons brasser de tous côtés au point de rendre tout déplacement périlleux. Au bout de 9h de navigation, le vent faiblit et tourne. Les voiles claquent méchamment, et nous n’avons d’autre choix que d’affaler et de mettre le moteur. Les contraintes de la houles sur le pilote et la barre sont énormes. La vis tenant la pièce en inox à la barre casse, nous privant de pilote automatique. Il faut réparer, hélas pas le matériel nécessaire. Marco MC Gyver nous bricole un truc de fortune. Il nous faut regagner un port, afin de trouver un ship. Nous mettons cap sur porto Colom. En route un énorme dauphin de 3 mètres se montre dans l’étrave, C’est un grampus. Il est surprenant . Après 15h de navigation nous mouillons à l’entrée du port.

Le 20/06

La météo ne semble pas propice les 2 jours à venir. Titouan et Sean doivent être à Ibiza le 22 Juin. Organisation pour rejoindre le ferry à Palma qui les mèneront à Ibiza.

P1090113.JPG

Un coup de Nord Est devrait nous bloquer ici jusqu’à Samedi. Le village est sympa le mouillage aussi. Nous avons gonflé le kayak pour nous permettre d’aller à terre. Demain à 6h nous emmènerons les loulous avec le kayak gonflable prendre un taxi pour Palma. Leur expérience s’achève ici, ils sont ravis. Il faut dire que les émotions furent fortes et intenses. Ils ont vite compris le fonctionnement du bateau et les manoeuvres. Nous avons profité de leurs jeunes bras vigoureux pour wincher.

Ce fut vraiment un bon moment partagé avec eux, faciles à vivre, toujours contents, prêts à tout!!!

Cela va faire un vide sans eux! Ils sont partant pour nous rejoindre aux Caraïbes cet hiver, nous pourrons leur proposer un surf trip. Nous pensons poursuivre dès que les vents sont bons, sur Ibiza, puis les côtes Espagnoles.

Le voyage continue!!!…

En+Med.JPG

pre%CC%81sentation.JPG

P1080858.JPG

P1080806.JPG

tidoudou.JPG

P1090488.JPG