La majeure partie des mouillages imposent de mettre 2 ancres à cause de la houle. L’ancre arrière est problématique, avec les rafales, elle ripe. Nous sommes bien souvent obligés de la remettre. Aujourd’hui cela fait 3 fois que l’on s’évertue à la faire prendre, mais en vain. Aussi on se se fait ballotter.
Le petit village est muni d’une sorte de débarcadère en béton. Ce qui nous facilite les débarquements en annexe ( qui sont souvent épiques avec les vagues!)
Quelques sentiers ou pistes nous permettent de découvrir les lieux. Nos gambettes bien affûtées par les heures de marche, nous portent dans des décors grandioses. Nous contournons le pied de majestueux pitons effilés venant narguer les dieux par leur finesse et hauteur.
Parfois en pleine montagne, au cœur de la forêt, nous découvrons des Tiki,
des Marae ( plateforme de cérémonie, où avaient lieu les sacrifices. Rappelons qu’au siècle dernier, les gens d’ici étaient cannibales!) Pour la petite histoire, l’année dernière, un bel Allemand navigateur s’est fait manger, par un Marquisien . Est ce quelques réminiscences de cannibalisme ou un juste un taré de plus ? ( La femme à réussie à s’échapper et éviter ainsi de passer sur le BBQ) !!!
Nous tentons d’aller mouiller dans une baie plus au sud. Naviguer le long de ces côtes est un véritable spectacle : roches, falaises abruptes entrecoupées par des vallées verdoyantes et en arrière plan encore de magnifiques pitons…
Quelques dauphins viennent nous saluer, des frégates tentent de nous piquer nos leurres de traîne. Un de ces oiseaux s’empare d’ailleurs, de notre poulpe. Il se retrouve suspendu un temps dans les airs… Nous devons ranger nos lignes !
Après avoir jeté l’ancre le temps du déjeuner, dans une crique encadrée de murs rocheux, nous optons pour un retour au mouillage précédent. La houle est trop conséquente pour envisager d’y passer la nuit, et le débarquement impossible.
Il nous faut donc patienter encore quelques jours ici. Près du quai, a lieu les répétitions de danse en vu du festival, nous allons y jeter un œil. De jeunes, beaux Marquisiens musclés, tatoués, nous offrent une danse guerrière. Leur chant puissant donne encore plus de force à leurs gestes. C’est impressionnant ! Ce festival doit être quelque chose et nous regrettons de ne pouvoir y assister cette année !
Nous allons rentrer en France au mois de Novembre, nous devions mettre le bateau au chantier de Raïatea, mais nous avons décidés de le laisser aux Marquises. Il hivernera au mouillage dans l’une des baies les plus protégées de Nuku Hiva, sous surveillance.
Cette année, le Nino se met en place, ce qui laisse envisager un plus fort risque de cyclones dans la zone des îles de la société. Il est probable qu’il soit plus en sécurité ici au mouillage que sur les bers au chantier ! Et puis, nous pourrons ainsi l’année prochaine, prolonger un peu notre voyage dans ces lieux.
Les Marquises demandent d’y passer du temps, de s’y arrêter pour se dévoiler davantage. Nous avons pu constater que c’est en restant un peu à un endroit, que l’on permet aux liens de s’établir avec les gens et le lieu… Au final c’est en se posant que la richesse émerge !
Evidemment ce n’est pas en restant dans son bateau que tout ceci nous est dévoilé… Nous réalisons que beaucoup de navigateurs ( la majorité) descendent rarement de leur rafiot, et choisissent les lieux à proximité d’un gros village, offrant certaines commodités. Faire autant de miles, être dans un univers aussi splendide et ne pas en profiter semble bien dommage ! Mais chacun a son idée du voyage !!!
Le 08/10
Après une nuit fort agitée, nous optons pour rejoindre le Sud de Nuku Hiva. Une douce navigation de 6h , nous permet de pêcher deux belles bonites. L’arrivée à Daniel baie (Hakatea) est spectaculaire, une émotion liée à l’émerveillement nous étreint. Mes yeux et mon cœur se dilatent, ces organes ne semblent pas assez grands pour contenir ces images… Décidément ces Marquises ne cessent de nous surprendre, elles génèrent un pouvoir extraordinaire celui de s’émerveiller comme un enfant !
Pour découvrir la petite enclave du mouillage, il faut pénétrer entre des montagnes. Derrière, une face montagneuse vertigineuse, façonnée de pics, sourie d’un vert franc. Cette baie complètement protégée,( avec une jolie plage en prime) offre un mouillage parfait ! A notre grand étonnement, il n’y a aucun bateau et surtout, l’eau est plate…
Si l’on arrive à s’habituer à vivre dans un tangage perpétuel, se retrouver soudain à marcher normalement sans avoir à se tenir, dormir sans avoir à se caler avec des coussins est un confort que nous apprécions grandement ! Le corps peut se relâcher, l’esprit se détend et tout notre être savoure ce luxe de l’immobilité…
La pluie se montre aujourd’hui, mais ne nous empêche nullement de rejoindre la plus haute cascade des Marquises avec ses 350 mètres de chute. Une marche qui commence dans le jardin d’Eden : les arbres ploient sous le poids des fruits, les fleurs s’offrent aux gouttes célestes, un ruisseau chante. Des Tiki dorment ça et là, dans un sommeil de pierre.
Le seul hic dans ce paradis sont les nonos et les moustiques ! Puis la forêt se fait dense, tout autant que la végétation. D’énormes banians étendent leur tentacules. Autrefois dans l’entrelacement de ces racines étaient placés les morts, le temps se chargeait de faire un cocon autour d’eux et de les conserver à jamais dans ce tombeau vivant.
A maintes reprises nous devons traverser la rivière sur les roches glissantes. Nous pénétrons dans un cirque où les falaises sont si hautes qu’elles semblent se refermer sur nous.
Au bout d’une étendue verte où poussent d’étranges arbres à fleurs rose, se trouve la cascade.
Elle a forgé d’étranges cavités.
Il y a peu de débit à cette époque, malgré tout, elle coule de splendeur.
Le 11/10
Nous voilà au mouillage du village principal, là où nous hivernerons le bateau. Une grande baie accueille une bonne dizaine de bateaux et quelques commodités qui nous permettent ainsi l’accès à internet. Nous irons plus au Nord dès que vent et houle nous le permettrons.