Canal de Panama

Le 20/12

Une équipe de hands liners de choc arrive de Panama City en taxi :

  • Loyal  (c’est son prénom) (Gros Tchien le surnom que Marco lui donne en douce): un Grand balaise frôlant les 2 mètres et le quintal,
  • Cassidi : une jeunette de 15 ans et
  • Barbara : une super mamie entre 75 et 80 ans (ayant eu 10 enfants !!)

IMG_2789.JPGIls sont Américains, de la même famille et sont volontaires pour nous prêter main forte pour le canal. ( Nous avons obligation d’avoir une personne à chaque amarre)
Les amarres et défenses de location arrivent, on installe tout ça et c’est partit. Nous rejoignons l’entrée du canal afin d’y attendre le pilote qui doit nous retrouver. Juste avant d’arriver Marco appelle le centre qui gère le canal . On lui apprend que notre passage est annulé et que l’on doit prendre contact avec notre agent.
Demi tour, retour à la marina pour avoir de plus amples explications et savoir quand nous passerons.
Juste après l’entrée de la marina, j’entreprends mon demi tour pour venir cul à quai, 20 nœuds de vent me déporte. J’enclenche la marche arrière, mais le bateau continue à avancer nous sommes proche du rivage, j’accélère donc à fond et le bateau fonce droit sur la berge et les hauts fonds. Et là, je réalise que j’ai inversé la marche arrière avec la marche avant… le massacre !
Je fous plein gaz la vraie marche arrière cette fois, le moteur est prêt à exploser, mais le miracle s’accomplit, le bateau s’arrête  sauvé de l’échouage à quelques centimètres près!!! Nos anges gardiens ne semblent pas connaître le chômage.
Là je dois dire que les Américain restent sans voix ! J’ai du les impressionner par ma manœuvre car il n’y en a pas un qui moufte… Mais je ne fais pas pour autant ma crâneuse !!! j’aimerai d’ailleurs disparaître…
Si je survie à ma honte, la frayeur a dû amputer une part de ma longévité…
Quant aux Américains silencieux, ils doivent à mon avis, se demander s’ils vont rester à bord…

Gros Tchien

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Cassidi

L’agent essaye d’avoir les autorités et bataille pour une place le lendemain mais cela sera seulement le surlendemain.
Nous voilà donc durant 4 jours à gérer couchages et nourritures. Notre avitaillement prévu pour la traversée en prend un sale coup car ces américains sont de véritables ogres.
Ils mangent deux à trois fois plus que nous ( même la petite mamie m’impressionne) et boivent 10 litres d’eau par jour à eux trois ! A ce rythme je crois que les menus de la traversée vont se restreindre aux poissons pêchés et eau de pluie…
Heureusement ils sont très sympathiques! le soir on se colle des parties de monopoly, de Uno.
Je parfais mon Anglais (qui aux dires de Marco) laisse plus qu’à désirer, pourtant je trouve que je m’en sors vraiment très bien ( je suis sure que ma sœur Ophélie le confirmerait.)

Le 20/12

Sacrés Panaméens, ils nous en font de bonnes !!! On vient de nous apprendre qu’en fait une place est disponible pour passer aujourd’hui. Super !
Nous allons donc faire nos papiers de sortie vue qu’hier le mec de l’immigration était absent. Et aujourd’hui il nous dit : vous avez dépassé d’une journée alors il faut payer 200 dollars !!
On croit rêver !!! le culot !…
Du coup Marco dit : oui!oui ! Et s’en va… On se passera donc du tampon de sortie.
Vivement la traversée du Pacifique loin de l’administration et de ce monde si compliqué !!!

Nous voilà rendu au pied du canal accompagné par un pilote ( très pro) et d’un apprenti qui se fait son écho en répétant chacune de ses phrases.
Nous nous mettons à couple d’un bateau moteur, il s’avère que c’est lui qui va gérer les amarres pour nous !!!

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Nous voilà donc comme de bons touristes n’ayant comme seuls soucis que d’ouvrir nos mirettes et de faire de belles photos  !!!

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Une fois engagé dans le canal, 4 bonhommes lancent leur ligne avec au bout une sorte de balle de tennis ( pomme de touline) bien lourdes. D’où une bonne protection des hublots ou panneaux solaires en cas de mauvais lancé. Mais ils visent plutôt bien…
Sur ces lignes sont attachées les amarres que les gars ramènent à quai.
Une fois bien tendues, les énormes portes derrière se ferment, et la vanne avant s’ouvre remplissant ainsi l’écluse. Quelques tourbillons se forment et l’eau ainsi que le bateau montent très rapidement.
Tout con ce système ! et à la fois génial ! Et dire que cette construction date de 1888…
C’est impressionnant par les hauteurs des murs, des portes et la conception solide…

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Marco me dit en regardant derrière
«  Et bien voilà ! les portes de l’atlantique et des Caraïbes se ferment ! »
En pensant à notre parcourt jusque là et à celui à venir, une émotion fait surface.
Quel bonheur de pouvoir vivre tout ça…

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Après la troisième écluse ( que nous franchissons de nuit) nous débouchons sur un immense lac.
Notre remorqueur nous largue et nous regagnons une bouée pour la nuit. Nos pilotes nous quittent.

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Le lendemain c’est un autre qui arrive, il s’appelle Trou de balle ( c’est le surnom que Marco lui a donné).
Sa compétence laisse à désirer et il n’a qu’une envie c’est rentrer chez lui, c’est le weekend, il a donc mal au ventre !
Il va devoir nous supporter quelques heures, le temps de traverser le lac de 40 km. S’il croyait être peinard, c’est raté, car nos Américains ne cessent de le bombarder de questions auxquelles il est bien obligé de répondre.
Avant les écluses nous devons attendre au mouillage, Trou de bal en profite pour appeler afin que son cauchemar se termine. On vient le chercher et il nous largue là sans radio, sans moyens de communication en nous disant que quelqu’un viendra…. dans quelques heures….
Du coup nous ne pourrons passer avec notre remorqueur personnel d’hier.
Quoiqu’il en soit rien ne vient perturber l’appétit de nos Américains ! Dès 6 heures du mat je me mets à la cuisine pour un déjeuner gargantuesque : œufs, jambon, fruits, toasts, cake….
Marco en a la nausée et n’avale que ses deux pauvres tartines dans son coin.
Je me remet à la cuisine dès que je peux pour le midi, le soir… !
La vie dans les casseroles c’est pas mon truc mais bon c’est le deal ! On leur paye le déplacement , la nourriture, ils nous donnent un coup de main.

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Dans tous les forums, blog des navigateurs ayant passé le canal, il est dit de ne jamais opter pour la place où l’on est seul sur le bord du canal. Avec les tourbillons de l’eau le mât peut toucher le mur de l’écluse et certains ont ainsi démâté.
Notre nouveau pilote arrive enfin après quelques heures d’attente. Il nous propose de passer à la maudite place avec en prime de lui signer une décharge en cas de problèmes !!!
A moins d’être un couillon il faudrait être fou pour accepter !
Vue notre refus catégorique il se démène pour trouver une solution. Un remorqueur se mettra sur le bord et nous viendrons nous amarrer à lui. Ce ne sera pas la même chose qu’hier ou nous étions au milieu du chenal maintenu par les amarres.
Cependant l’entreprise risque d’être délicate car là nous n’avons pas les quatre lignes d’assurance, cela nécessite de manoeuvrer à chaque écluse. Nous ne pourrons rester à couple du remorqueur comme c’était le cas hier.

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Autre problème sur la descente des écluses il y a un fort courant.
Pour attendre le remorqueur qui doit aider un énorme pétrolier, nous allons accoster.
Le pilote met en garde Marco . (Je lui ai cédé ma place à la barre car je ne comprend rien à l’anglais du panaméen et après mes prouesses à la marina , j’ai quelque peu perdu de mon assurance!.)
Il lui signale que des bouches d’évacuations peuvent aspirer le bateau, aussi il faut qu’il se méfie.
Les par-battages sont en place, je colle à super mamie un autre en volant «  in case of !!! », gros tchien est chargé de sauter sur le quai et Cassidi et moi même sommes prêtes à lancer les amarres.
Marco s’approche du quai et ce qui devait arriver arriva… L’arrière du bateau se voit littéralement aspiré et hors contrôle nous venons percuter de travers l’angle d’un mur. Heureusement super mamie est là et place le par-bat volant au bon endroit, bon moment. Une bénédiction cette grand mère !

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Cette entrée en matière nous met au parfum de ce qui nous attend . Le pilote vient briffer Marco pour les manoeuvres à venir car il n’a pas droit à l’erreur ( surtout dans la dernière écluse où le courant est très violent). Nous devrons donc répéter 3 fois la même manœuvre à chaque écluse.
De plus si nous ratons notre lancé d’amarres au remorqueur cela sera la catastrophe car nous irons nous éclater dans les portes.
Tout le monde est sous tension surtout à cette dernière écluse, Marco n’est plus que concentration et c’est partit…
IMG_2774.JPGLe bateau est emporté par le courant, même avec la marche arrière à fond il continue d’avancer. Il faut que Marco vise le côté du remorqueur sans être ni trop prêt , ni trop loin.
C’est l’amarre arrière une fois fixée au remorqueur qui doit nous arrêter.
Tidoudou ivre de tant de flots part à droite à gauche, titube. Mon capitaine tente de le maintenir du mieux qu’il peut dans l’axe du courant par des alternances de marche avant-arrière.
Nous approchons du point fatidique, chacun répète mentalement ce qu’il a faire.
Et tout s’enchaine en l’espace de quelques secondes, nous sommes amarrés et arrêtés.
L’émotion est si forte que tout le monde se congratule, se félicite, se tape dans les mains, comme à la fin d’un film Américain.
Nos anges gardiens sont toujours actifs et biens veillants.

Le pilote doit être récupéré un peu plus loin à la sortie.
Un gros remorqueur pourvu de 6 moteurs arrive le chercher. Il ne peut se mettre parallèle au bateau car il est trop haut. Le pilote se met donc debout à l’extérieur des filières sur le portique et le remorqueur avance son nez le plus près possible. Il fait évidemment nuit, il y a du vent, le remorqueur avance trop près, le pilote hurle en se voyant écrasé par la masse d’acier de plusieurs tonnes. Il a juste le temps de bondir à l’intérieur des filières.
Le gars aux commandes réagit en un éclair et recule in-extrémis…
Bon là, ça fait beaucoup côté émotions… Après plusieurs tentatives le pilote sain et sauf regagne enfin le remorqueur.
Quelle journée ! Mais elle n’est pas finit, il faut en principe aller rendre amarres et par-battages, mais nous sommes épuisés, il est 23 heures.
Gros tchien, grande bouche nous assure que demain, il nous emmènera avec l’annexe les rendre.
Encore une heure de navigation pour rejoindre le mouillage où le catamaran des Américains est mouillé…
Une fois que tout le monde à regagné ses pénates, nous sommes morts de fatigue et tombons dans un comas réparateur.

Le 22/11

Nous attendons gros Tchien pour qu’il nous amène rendre le matériel, il nous fait savoir qu’il ne peut venir car il va partir à un autre mouillage.
Grande bouche semble avoir oublié sa parole et même qu’il devait partir !!!.
Nous devons donc nous démerder… Et le pire c’est que Marco avec l’annexe pleine, le croise sur le bord, il ne vient même pas l’aider à décharger. Il lui dit seulement que finalement il reste une journée de plus… !

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Marco me raconte cela dégouté. Nous sommes tout simplement sciés par une telle attitude…
Une occasion de constater que la parole aujourd’hui n’a plus la même valeur que celle d’autrefois ! Et que l’entre aide entre marins n’est pas systématique.

Quoiqu’il en soit nous sommes enfin dans le Pacifique, il doit certainement se mériter.
Ce passage du canal fut une épreuve à tout niveau, en particulier celle de la dernière partie. Nous avions entendu toutes sortes de choses concernant le canal et on peut dire qu’effectivement tout peut arriver. Cela peut ressembler à une balade comme une véritable galère…
Nous avons eu un échantillon des deux… Belle expérience.

Demain nous repartons pour las Perlas……

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