Côtes Panaméennes

Côtes Panaméennes – du 12 au 15/11

Venir sur les côtes Panaméennes sans faire un tour dans la jungle serait incomplet.
Nous entendons parler que non loin de là, un Français Basque vit en pleine forêt tropicale et a construit des cabanas pouvant accueillir les amoureux de nature sauvage.
Nous partons donc rejoindre ce lieux hors sentiers battus.Après avoir pris le bus et emprunté une sorte de taxi, celui-ci nous dépose devant une rivière.

Il faut la traverser pour regagner l’autre rive et rejoindre un sentier dans la forêt.
Miguel est descendu avec son cheval et ses chiens nous rejoindre et par la même occasion récupère une bouteille de gaz. Il va cueillir un régime de bananes sauvages le long de la rivière et la petite expédition se met en route. Une marche de quelques kilomètres et nous arrivons sur les hauteurs au milieu des forêts à perte de vue. Le site est magnifique et les trois cabanas charmantes. Une cahutte sert de cuisine et lieu pour manger.

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Petite cabanas dans la quelle nous dormons

Miguel nous propose de nous emmener à la rivière se baigner. Avant d’entamer notre marche je lui demande ce à quoi il faut faire attention. Il me répond :
« Quand tu es en ville avant de traverser la rue tu regardes à droite à gauche et ben ici c’est pareil sauf qu’il faut que tu regardes où tu mets les pieds. »
« La nature n’est pas hostile, personne ne te sautera dessus pour t’attaquer ( ce n’est pas comme à Colomb) il faut apprendre à regarder à observer. »
Il me rassure encore en me disant :
Il y a beaucoup de serpents, mais si tu ne leur marches pas dessus il ne te feront aucun mal. Il ne vont pas dépenser leur venin pour toi , ils préfèrent le garder pour leurs proies !! Et la plupart du temps ils sont dans les arbres et tu auras du mal à les voir.
A la rivière où vous allez, vous pouvez vous baigner en toute sécurité car les quelques crocodiles qu’il y a sont inoffensifs, en plus ils sont petits ils ont ta taille !!
Quant aux mygales, elles sont gentilles.
La seule précaution à prendre avec les scorpions c’est de toujours retourner et taper tes chaussures avant de les mettre !!
Avec ces explications me voilà tout à fait rassuré. Miguel nous fourre un bâton dans les main, lui prend sa machette et nous voilà partit à la rivière.
« Bon !! vous avez vu le chemin pour rentrer alors je vous laisse, prenez votre temps ! Je vais préparer le repas ! » Et il nous laisse là au milieu de cette jungle.

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On en profite pour aller jusqu’à un village Kuna qui a été abandonné, mais dont la structure est encore en bon état. Et puis après avoir zieuter si aucun crocodiles n’est dans les parages, on se jette dans l’eau fraîche.
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Miguel nous emmène l’après midi à une petite cascade, en traversant une jungle dense. C’est de toute beauté. Il y a des quantité d’oiseaux : perroquets, toucans, quetzals…
Là encore après quelques explications pour le retour et il nous quitte.
Il nous a dit qu’en descendant le long du ruisseau on arrivera à la rivière de ce matin et après on connait le chemin, c’est tout simple…
Nous voilà plongé au milieu du film Indiana Jones, sauf que les héros ne font pas les malins…
Nous arriverons malgré tout entier à la tombée de la nuit quelques heures plus tard.

Miguel est un personnage hors du commun. Ses vingt années de vie en pleine forêt ont forgé un gaillard solide, robuste, droit, sans compter la force basque qui coule dans ses veines.

De plus son charisme naturel mêlé à une jovialité et spontanéité en font un type magnétique.P1140303.JPG
Son éloquence captivante dévoile une connaissance à bien des égards sans que jamais la vantardise ne prenne le dessus, au contraire.
Il est instructeur en survie dans la jungle. Il emmène parfois, durant plusieurs jours des groupes tel que les pompiers de paris, des équipes de gendarmes, militaires, ou simple personne désirant apprendre à se démerder seul dans ce milieu.

A la tombée de la nuit la nature se remplie de bruits étonnants, il identifie ces sons et nous emmène voir qui est à l’origine de cette source sonore. Il connait chaque arbre, chaque plante et sait lesquels d’entres eux peuvent être utilisés pour se nourrir, se soigner, se chauffer ou boire…

Le lendemain il nous emmène marcher dans des terrains accidentés, et nous montre : l’endroit ou un jaguar a emporté son chien sous ses yeux, des fourmis géantes dont les piqures sont très douloureuses, des scorpions, de grosses araignées, des fruits avec lesquels il fait des bijoux…

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Nous sommes captivés par ses récits et explications, avec un gars comme ça, il semble que rien ne peut nous arriver….

Quel bonheur que de rencontrer des personnes d’une telle richesse, et simplicité. Un être authentique vivant en harmonie avec son milieu et le respect de celui-ci. Une rencontre mémorable !

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Hormis la nature et les montagnes du Panama, on ne peut pas dire que ce pays nous ait emballé.
Les villages sont des amas de poubelles ( pas de déchèteries ou usines incinérations), l’accueil peut se résumer à être de bonne vache à lait et sortir les dollars si nous voulons avoir un minimum d’intérêt. C’est un pays gangréné par la drogue et les narcotiques ( en relation avec le gouvernement Américain) n’hésitent pas à flinguer ceux qui travaillent à leur compte. Ils ont même mis les Kunas de la partie. La délinquance est importante, Colomb détient d’ailleurs le record mondial de meurtres.
La jungle semble beaucoup sécuritaire que les villes.
Bref il règne un climat pourrit, même le temps est écrasant de chaleur, lourd, orageux, pluvieux…

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Le 15 décembre

Nous regagnons le canal sous un ciel noir et menaçant en une vingtaine de milles. Si tout se passe bien côté paperasse ( nous avons pris un agent pour faire accélérer le processus et ne pas se faire entuber à tout bout de champs) nous devrions passer le canal le 19 décembre…. A suivre

Colombie – San Blas

Le 27-28/11 à Porto Velo,  Colombie

Que ce monde est compliqué quand l’administration s’en mêle!!

P1130949.JPGIl nous faut faire notre sortie à présent, nous décidons d’aller à Barranquilla en taxi pour le tampon de l’immigration.
Tant qu’à payer celui-ci pour le douanier, mieux vaut que nous en profitions pour refaire notre stock de nourriture.
Nous devons attendre 17h car il n’y a personne au bureau de l’immigration. Après mains coups de téléphone du taxi-man pour savoir quand ce monsieur de l’administration sera là ; on commence à s’énerver en apprenant que peut être il ne viendra qu’ à 20h mais ce n’est pas sure ! Nous sommes dans cette ville laide qui est la deuxième plus grosse de Colombie, sans aucune envie de jouer les touristes en l’attendant. Nous tentons d’expliquer en « Espagnol » au mec du taxi ( très sympa) que nous venons de payer 90 dollars pour venir ici et que l’on ne payera pas une deuxième fois le déplacement. Après de longues explications téléphoniques Monsieur le douanier daigne enfin rejoindre son bureau à 19h pour notre tampon !!

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Nous devons partir ce soir, mais préférons nous octroyer 3 h de sommeil avant de prendre la mer.
A 01h00 Marco vient me réveiller en me disant que le vent est trop fort pour partir maintenant, du coup on attend 05H00 pour quitter la marina.
Le jour se lève sur un décors pas très réjouissant 25 à 30 nœuds , une mer du diable et des troncs d’arbres partout. ( De fortes pluies nous ont précédées charriant herbes, branches et troncs…)
Heureusement que nous ne sommes pas partit de nuit !
Slalomer entre les troncs avec des vagues de 3 à 4 mètres s’avère périlleux. Les deux mains sur la barre je tente de redresser le bateau qui se met travers à la houle en suivant les directives du capitaine à la proue.

Vue la houle, les troncs d’arbres ne sont visibles que lorsqu’ils sont sur la crête, l’anticipation est donc difficile et les réflexes doivent être adaptés et rapides… Nous éviterons ainsi quelques énormes troncs qui auraient pu endommager sérieusement le bateau!!Nous n’éviterons cependant pas de bonnes suées et moments de frayeurs.
Durant 4 heures c’est un cauchemar pour nos nerfs ! Puis ça se calme un peu côté vent et houle.

Des grattes ciel surgis des eaux apparaissent peu à peu dans le lointain. Cartagène!

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Les conquistadors Espagnols du 16eme siècle sont à l’origine de cette citée fortifiée qui se retrouve encerclée à présent d’ immeubles démesurés. Pour se parer d’éventuels envahisseurs et pirates, ils n’ont pas lésiné sur les fortifications. Allant jusqu’à construire un mur sous la mer pour boucher l’entrée d’une des baies.
Une brèche a été ouverte il y a quelques temps, afin que les petits bateaux puissent y passer.
Nous décidons d’entrer par là ( beaucoup plus court et nous permettant de regagner le mouillage avant la nuit). Nous avons des points GPS d’entrée car le passage se limite à quelques mètres matérialisé par 2 bouées. Ces repères n’empêchent cependant pas mon cœur de s’arrêter en regardant le sondeur au moment du passage du mur. Marco m’affirme qu’il y a 5 mètres d’eau et là le sondeur diminue de façon inquiétante pour finalement s’arrêter à 3,20 m !!!
Après mon arrêt cardiaque, mon cœur se remet à cogner mais vachement fort !!!

P1130967.JPGP1140023.JPGQuel lieu étonnant, déroutant !
La journée a débuté par un cauchemar et se termine par un rêve.

Un couple de Canadiens rencontrés lors de mouillages précédents viennent nous rendre visite et nous proposent de nous emmener ce soir faire un tour dans la vielle ville. N’ayant pas l’annexe gonflée nous acceptons avec joie, malgré notre fatigue.

Nous voilà soudain plongés dans la magie des lieux. Nous parcourons les ruelles au son de la musique latino et cliquetis des pas des chevaux tirant des calèches. Les maisons colorées aux balcons de bois fleuris semblent sortir d’une œuvre de peintre. Rehaussés par les lumières, et les transitions radicales de cette journée, nous avons l’impression d’irréalité. Nous pourrions presque croiser des pirates sanguinaires, assister à un duels sous les palmiers que nous ne serions pas plus surpris.

L’histoire, la culture sont palpables et une atmosphère très particulière imprègne ces lieux.
On comprend que ce site soit classé patrimoine mondial de l’UNESCO.
De plus la présence d’Edith et Jacques est délicieuse, ils sont plein de joie et spontanéité.

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Ce genre de rencontre est un vrai régal ! Nous ne partagerons qu’une soirée mais qu’importe cet instant a été. Le voyage c’est ça aussi, des moments intenses, parfois brefs mais qui laissent une emprunte…

Le 29/11

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Il nous faut déjà repartir ! On met cap sur les îles Rosario à 20 milles, afin d’y passer la nuit. Cela nous permet ainsi de se rapprocher des Samblas (notre prochaine destination). Marco va nous chercher deux langoustes pour ce soir.

Le 30/11

Aux aurores le paysage n’est pas très accueillant, c’est Verdun !!! 155 milles à parcourir sur ce terrain bosselé direction les îles du Panama…
Des trains d’une grosse houle conjugués à un clapot nerveux (qui pourrait ressembler à la mer du nord c’est dire !!) nous secoue dans tous les sens.

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Les 10 nœuds de vent au grand largue s’avèrent insuffisants ; les voiles claquent à tout va, ce qui à la longue peut endommager le gréement et les nerfs du capitaine!
Durant toute la journée nous nous évertuons à être créatif et imaginatif pour parer à cela.
Nous sortons l’artillerie de voile, en passant par le spi, nous tangonnons tout ce que nous pouvons, nous modifions notre cap, tirons des bords, changeons d’amure, mettons quelques heures le moteur… Et dire que certains pensent que l’on se prélasse….
La nuit noire nous engloutie, et la houle semble vouloir en faire autant. Le vent est de retour avec 25 nœuds ; le génois tangonné ne bronche plus. Maintenant ce sont les départs au lof qu’il faut gérer.

Les vagues nous prennent par l’arrière, le bateau part au surf et pivote en remontant vers le vent.
Si l’on remonte trop avec la voile tangonnée ça ne va pas du tout ! D’où la nécessité d’être prêt à agir rapidement pour aider le pilote à revenir dans son axe initial. Les quarts sont actifs  et épuisants, même pour celui qui tente de dormir dans la cabine. Entre vacarme et roulis c’est un tour de force pour fermer l’oeil.
Nous nous sommes vite redu compte qu’il ne faut pas compter sur les nuits Colombiennes pour un doux sommeil ! Au mouillage ou en mer, elles sont agitées.
Ce golf de Darien est la fin de la mer des Caraïbes, il recueille donc tout ce qui vient de l’Est.
Une chance, me fait remarquer Marco, c’est que nous n’avons pas eu d’orages. Car en principe c’est une tradition et encore la saison ( bien qu’elle se termine)
Ouai, c’est vrai je reconnais que l’on est chanceux malgré certains inconforts !!!
Si certaines navigations ne sont pas toujours une partie de plaisir, vivre au grès des vents poussés vers de nouveaux horizons et nouvelles terres est un véritable bonheur.

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Les Sanblas nous en rêvions et elles sont là à vue…

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Nous avons donc quitté la Colombie, un pays que nous sommes bien loin d’avoir exploré.
Seuls quelques aspects nous ont été dévoilé, ils furent très agréables et surprenants par leurs diversités.
Evidemment nous n’avons pas été confronté aux problèmes sociaux, politiques, de sécurité… notre regard ne peut donc être objectif.
Côté navigation là aussi, quelle diversité ! Si cela peut être calme, cela peut être aussi très agité.
Mieux vaut être parfaitement informé et préparé pour naviguer dans cette partie de la mer des Caraïbes ! Ca surprend !!

Le 01/12

Après 30 heures de shaker, une myriade d’îles s’étendent à perte de vue. Leurs bas reliefs laissent apparaître des plages couronnée par de hauts cocotiers. L’île parfaite comme celle dessinée par notre imaginaire en quête d’évasion.

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Après une tentative de mouillage aux abords de l’une d’elles, nous optons pour une plus protégée et fermée à la houle. Nous avons eu notre dose de secousses !!!

P1140057.JPGPleins de petits pêcheurs dans leur tronc d’arbre évidé sillonnent les lieux, avec des voiles de fortune ou une belle pagaie sculptée dans des bois robustes. Ils viennent nous offrir leurs services et leur sourire édenté mais tout aussi rayonnant que le soleil d’ici !!
On peut être livré à domicile : en pain, fruits, légumes, poissons moyennant quelques dollars. Et si en prime on peut leur laisser des bouts de corde, du papier aluminium, des hameçons…ils sont preneurs.
Les San blas sont habités par les indiens les Kunayala, leur artisanat est réputé mondialement par leur molas (un genre de couture, superposition de tissus , broderie très particulier, très coloré). Je ne doute pas que nous aurons l’occasion de voir ça de près dans les villages et les femmes viennent généralement en pirogue vendre leur trésor.

Du 02 au 10/11

Evidemment nous allons visiter avec l’annexe toutes les petites îles autour ( des merveilles), la plupart inhabitées. Marches le long des rivages et dans les cocoteraies bien entretenues, plongées habituelles sur les reefs… Marco en profite pour nous ramener le repas de ce soir 2 langoustes.

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Un de nos pote pêcheur vient parler avec nous, en mélangeant de l’espagnol, de l’anglais, du kunas, des gestes et mimiques on arrive à se comprendre. Il nous offre des bananes et des coquillages, on lui donne des hameçons, leurres, ficelle, et colliers…

Soudain des poissons interrompent notre conversation en sautant juste à côté du bateau.
Notre pêcheur a les yeux qui s’allume et le voilà qui entreprend une danse. Il attrape son fil de pêche au bout duquel des appâts sont accrochés et le lance avec dextérité le ramène avec rapidité. Sa gestuelle me stupéfait : pas un geste inutile. Précision, harmonie, agilité et grâce s’associent pour générer l’ efficacité car il attrape ainsi une belle bonite !
La nuit approche, le vent est tombé et l’attaque des petites mouches piquantes ( les chitras) se fait sévère : du fait que l’on soit au coeur d’une mangrove. Cela devient vite insupportable on se fait attaquer par des nuées. Notre pêcheur nous indique un lieu de mouillage où nous serons plus tranquille, nous le suivons, il ouvre la voie avec sa pirogue.
Effectivement il a raison. Avant de nous quitter il sort timidement un sac de molas. Quel travail remarquable ! Je n’ai pas encore compris toute la technique et la finesse de ce genre de couture, mais c’est très beau. Nous lui en achetons un.

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Il repart paisiblement à la rame, dans la nuit, vers son village, sans lumière.
Encore une belle rencontre ! qui génère quelques réflexions sur les façons d’être et de vivre (comparaisons inévitables)
En tout cas cette simplicité de vie semble être un bien précieux car ils portent le soleil dans leurs yeux et leur coeur. Le temps leur appartient. Entre pêche et ramassage de noix de cocos sur les îles, ils vivent de ce que la nature leur donne. Ils utilisent leur doigts, leur imagination pour créer un artisanat spécifique : de belles cahuttes tressées, des molas et autres…

Cet archipel d’îles est tellement vaste que nous devons poursuivre notre route pour en découvrir davantage. Il n’y a pas moins de 350 îles dont seulement 50 sont habitées.
S’il est un village traditionnel et typique, l’île Trigre s’inscrit parmi ceux-là. Le tourisme ici se résume à quelques rares bateaux y faisant escale.

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En principe une autorisation du Congresso (constitué d’hommes uniquement) et du chef doit être demandée pour venir dans ce lieu.

Cependant la journée les hommes sont à la pêche et nous ne croisons que femmes et enfants.
«  Un Kuna qui ne va pas à la pêche ou à El Monte est un Kuna qui ne mange pas !!! » Tel est leur devise.

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Ces tributs sont très organisées, chaque individu a son rôle sociale et contribue à la vie communautaire à sa façon. Leur économie repose sur les noix de coco, les poissons, quelques cultures de fruits, légumes sur le continent « El monte », et les molas.
Trois allées de cahuttes en bambou et toits de palme forment le village. Il n’y a pas de fenêtre, le tout reste ainsi ombragé. La terre est nettoyée de toutes herbes, laissant un lieu désertique et propre.

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L’aspect plus que rudimentaire nous surprend. L’intérieur des cahuttes sont en terre battue, vide de tout mobilier, cuisine, lit… Pas le moindre objet si ce n’est que des tissus et vêtements pendus, quelques chaises en plastique et des hamacs pliés.
Il existe des huttes communes servant de lieu pour la cuisine ( un foyer central creusé dans la terre en guise de fourneaux, pas de frigo évidemment puisqu’il n’y a pas d’électricité…), d’autres huttes communes sont réservés pour les réunions du Congresso, festivités…
Des femmes cousent des molas et nous invitent à regarder leur travail. Dans un coin d’une des maison une jeune femme tire son lait manuellement et le recueille pour le donner peut être à une autre. Des enfants curieux nous saluent, nous sourient.
Les femmes ont le visage peint en rouge, un anneau dans le nez, des bracelets de perles enroulés autour de leurs mollets et avant bras. Elles sont vêtues de molas colorés et paréos. Certaines vieilles dames ont les seins nus, seul un tissus couvre leurs épaules. L’atmosphère est paisible, calme, une certaine dignité règne.

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Malgré les sourires, les salutations, un sentiment de n’être que des visiteurs curieux s’imposent à nous. Notre venue peut paraître un peu intrusive au milieu d’une telle intimité.
Sortir un appareil photo serait tout à fait incongru et mal venu !( celle ci -dessus a été prise ailleurs)
Le décalage de vie est si grand que nous avons l’impression d’être dans un autre monde… Nous sommes à dix milles lieux de notre société de sur- consommation !
Ma cousine féministe aurait du boulot dans le quartier car les femmes ici n’ont aucun pouvoir décisionnel, ni éducative envers leurs enfants. Mieux vaut naître avec une quéquette !!
Nous croisons un homme albinos, produit de la consanguinité, ils sont nombreux au sein des tributs.

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Nous poursuivons vers quelques îles plus à l’Ouest parfois sous des grains et un ciel gris.
La saison des pluies se termine doucement, mais reste encore active.
Régulièrement lors de nos courtes navigations (d’une à trois heures) nous attrapons une bonite ! De quoi faire nos repas et alterner avec les langoustes, crabes et autres poissons. Il n’y a que des îlots autour de nous et des hauts fonds, aux quels il faut être vigilants en permanence. Les mouillages sont protégés par les reefs et les îles d’une splendeur incroyable !

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En se rapprochant de l’Ouest où davantage de bateaux s’arrêtent, nous avons de plus en plus de visites entre pêcheurs et familles vendant leurs molas et autres. Nous essayons de les faire travailler en achetant ce qu’ils nous proposent, mais notre quota molas est dépassé. De plus ils les vendent à prix fort de 10 à 50 dollars pièce ( une fortune pour eux). Nos refus s’accompagnent de gène, mais nous n’avons toujours pas conçu de machines à dollars !!!
Les femmes un peu farouches se limitent à la vente de leurs art et ne parlent quasiment pas.
Si nous ne sommes pas des acheteurs elles se renfrognent dans un mutisme et semblent fâchées, malgré les petits cadeaux que nous leur offrons.

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Sur l’île de Cangombia, nous rencontrons une famille qui vit seule depuis 5 ans. Nous les aidons à remonter leur pirogue, un vieux chien en guise de remerciement vient me pincer le mollet.
Les trois femmes de générations différentes me sortent aussitôt toute leur production et m’affublent de leur costume traditionnel riant de me voir ainsi déguisée. Mais leurs rires se transforment vite en sale tronche en voyant que je ne suis pas le distributeur de billets escompté. Elles me supplient d’acheter, acheter, acheter…
Les dollars décidément font rêver tous les peuples du monde et les pervertissent malgré eux …

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Nous sommes au mouillage de Salar, Marco part comme d’habitude chasser sur les reefs aux larges.
Le vent est un peu fort, et l’annexe tombe soudainement en panne. Trop de fond pour jeter l’ancre et il dérive rapidement. Il tente de ramer mais c’est mission impossible seul face au vent avec nos rames de fortunes. Plusieurs tentatives pour redémarrer s’avèrent vaines. Il essaye donc de revenir à la nage en tractant l’annexe, mais oublie vite cette idée en faisant du sur place. Pas d’autres alternatives que d’ouvrir le moteur, en tirant sur le starter celui-ci casse et se retrouve à la baille. Durant 20 minutes, il s’évertue à le faire démarrer. La seule solution est d’abandonner annexe et moteur pour revenir à la nage avant que l’île ne soit trop lointaine.
Heureusement par miracle ce satané engin daigne se remettre en marche… Il revient bredouille mais ayant sauvé notre embarcation !! Nous tirerons leçons de cet incident …

Petit tour à terre sur l’île. Une famille habite là, ne voulant pas être importuns, nous allons marcher de l’autre côté. A notre retour un homme nous attend mécontent. Il nous explique nous aurions dû venir le voir, acheter des molas et que venir comme ça c’est pas possible !
Du coup il faut payer !!! Je tente de nous excuser et d’être aimable, alors que lui ne l’est pas du tout ! Nous finissons par retourner au bateau chercher les dollars pour payer le droit de mettre pied à terre.

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Le lendemain une barque passe nous proposant d’acheter des langoustes. Nous les remercions, mais refusons ( ayant suffisamment de poissons), le mec se met en colère et braille en Kuna certainement des choses pas très sympas…

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Nous nous interrogeons sur leur façon de gérer le tourisme. A moins que ce ne soit le tourisme qui ait généré ces comportements ?
Toujours est-il que la relation avec les gens dans ce coin d’îles ( Nord Ouest) se limite à une relation dollars, pas d’échange sans ces fameux billets ! Tu jettes l’ancre : taxe de mouillage, tu mets le pieds à terre : tu passes au tiroir caisse…
Quel dommage !!
Nous apprenons que les bateaux charter se voient taxés si lourdement que plus aucuns ne viennent par là.

Notre vision sur ce pays Kunas est donc très contrasté. La beauté de ces îles est incontestable.
Malgré tout une atmosphère statique, de manque de dynamisme se dégagent. Est ce le fait que les îles malgré leur forme et taille différentes se ressemblent ou est ce lié au poids de cette culture ancestrale semblant immuable?
Découvrir des peuples qui vivent encore ainsi, proches de la nature, avec des traditions fortes et si simplement est exceptionnel.
Ce sont les gardiens d’une culture, d’un patrimoine et anciennes traditions qui se confrontent au progrès, au tourisme, à l’argent…
Ces deux valeurs semblent actuellement mal se concilier.
On se demande finalement d’une part si le tourisme est le bienvenu et s’il a sa place dans cette partie du monde ?

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Le 11/12

Après une navigation encore houleuse de 45 milles, nous regagnons les côtes Panaméennes. Une sorte de petite marina tenue par un couple de Français se trouve au milieu d’une mangrove.
Nous venons y faire les papiers d’entrée et allons en profiter pour aller marcher dans la forêt équatoriale. La chaleur est omniprésente, torride. Nos thermomètres ont fondu au soleil. Depuis Grenade nous vivons à poil cherchant l’ombre. La nuit nous ne pouvons même pas supporter un drap, les ventilateurs tournent à fond la caisse. Il faut dire que nous sommes proches de l’équateur ( 1000 km) C’est notre dernière escale avant le canal de Panama. Ca commence à sentir le Pacifique !!!

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