Île de Paques / Les Gambiers

Le 10 Mars Veille de la traversée

A la tombée de la nuit un bateau arrive au mouillage avec à bord des Suisses : une mère de mon âge et sa fille de 17 ans. Elles arrivent des Galapagos après 24 jours de mer et une traversée très difficile. Elles s’arrêtent à l’île de Pâques quelques jours puis rejoindront le Chili et les canaux de Patagonie. Là on est impressionné  que deux bouts de femmes puissent faire ce genre de périple…
Quel cran ! Quelle audace ! Quelle aventure pour cette maman et sa fille !!!

Île de Paques / Les Gambiers (Via Pitcairn)

Le 11 Mars

Après avoir échangé quelques conseils avec les Suissesses ( super sympas), nous voilà prêts à lever l’ancre. Yan et Cathy ( Les Français qui ont failli perdre leur bateau la veille) nous suivent et nous rattrapent rapidement. Yan veut certainement impressionner sa belle car il a toutes ses voiles dehors. Nous, débutons avec le génois seul, tranquillou ! Par la VHF nous apprenons que Cathy a déjà vidé ses tripes, la pauvre a le mal de mer. Son gars ne lui a pas fait l’effet escompté. La journée est pourtant douce 15 nd, petite houle, quelques passages de grains pas méchants. Un magnifique arc en ciel vient encadrer l’ile de Pâques comme pour imprégner nos mémoires de couleurs et d’intensité.

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En tout cas cette destination ne peut laisser indifférent, une sorte de magie se dégage de ce lieu fascinant. Mais ça se mérite car venir en bateau est éprouvant et le mouillage l’est aussi. On en a pris plein les yeux, mais plein la gueule aussi !!! Nous voilà voguant vers une nouvelle destination, avec l’espoir d’une escale à Pitcairn avant de rejoindre les Gambiers. C’est partit pour 1400 milles… La nuit s’écoule en douceur au rythme des quarts.

Distance Parcourue 1er jour : 120 milles

Le 12-13/03 – 2 eme et 3 eme jours

Nous sommes au portant à 120° du vent ce qui change considérablement la navigation. Ce n’est plus du près à 30° comme lors de notre dernière traversée ! Les hublots peuvent rester ouverts sans risque d’inondation dans l’habitacle… Aussi tout est plus agréable, cette navigation se révèle même plus confortable que le mouillage face à Hanga Roa ! C’est dire… Nous glissons donc avec délice, c’est tellement plus simple et plaisant avec des conditions clémentes ! Nous n’avons toujours rien pêché, la mer est déserte dans ces parages ou alors c’est du gros qui embarque leurre et tout notre attirail ! Marco se désespère en voyant ses derniers leurres Italiens se faire arracher par ces monstres !

Distance parcourue le 2 eme j : 125 milles – 3 eme j : 138 milles

Le 14/03 – 4eme jours

Quelques passages de grains nocturnes puis le soleil radieux nous accompagne à nouveau. La mer dans sa robe bleu marine ondule un peu plus ce matin, le vent a légèrement forcit 20 nd. Peu de vie autour de nous, pas de poissons volants , ni autres poissons, seuls de rares oiseaux viennent parfois nous survoler. L’océan s’étire à perte de vue, l’oeil glisse sur cette surface sans qu’il ne puisse s’accrocher. La nuit il se suspend un moment aux étoiles, aux nuages… Nous avançons à vive allure sans être trop secoué. Nous n’avons plus à toucher les voiles si ce n’est que pour rouler un peu le génois lors d’un passage de grains. Mais ils sont peu fréquents. Le bateau des Français n’est pas à vue , mais n’est pas très loin devant nous. Nous nous communiquons nos positions chaque jour par mail irridium, la VHF ne porte plus. Ils font route plus au nord car Cathy ne veut pas s’arrêter à Pit Cairn à cause du mouillage exposé. Nous nous retrouverons aux Gambiers et retrouverons certainement tous ceux que nous avons croisé à l’île de Pâques. Nous avons eu l’occasion de faire encore des rencontres peu banales, surprenantes ! Des personnalités au grand mérite devant lesquelles on s’incline. Entre autre un couple assez âgé naviguant sur un vieux gréement et qui à cause de leur chien et chat ne peuvent faire escale. La majorité du temps les animaux ne sont pas admis à terre au risque qu’on les tue. Ils enchaînent donc les milles sans escale, s’arrêtant juste une nuit sur certaines îles comme à l’île de Pâques. Ils vont passer aux Gambiers, aux Marquises puis remontent à Vancouver. Et comme ils ne peuvent s’arrêter, l’année prochaine ils reviendront sans animaux refaire la même route. Ils sont incroyables !!!

Distance parcourue ce 4eme jours : 138 milles

Le 15/03 – 5 eme jours

La nuit est illuminée par la lune ronde et les étoiles, la tiédeur de l’air, l’atmosphère paisible…

Le jour le soleil prend la relève avec la douceur.

Le vent reste stable entre 15 et 20 nd, le génois reste a flotter au vent en permanence.

Ce matin enfin une prise : une dorade Coryphène vient faire notre bonheur. Enfin de quoi remplir nos assiettes de fraîcheur et de saveur.

Nous venions à supposer que même les poissons avaient fui ce grand désert aquatique, mais non ! Du coup mon pêcheur affûte ses hameçons, vérifie ses lignes, change les câbles etc…

Distance parcourue ce 5eme jours : 122 milles

Le 16/03 – 6 eme jour

Les journées se ressemblent presque dans ces conditions où le vent reste stable et le temps suspendu..

Il y a une sorte de langueur qui nous extirpe de la notion de temps et même du monde. Seules nos pensées nous rattachent de temps à autre à une réalité passée, une personne…

Nous avons l’impression d’être dans une autre dimension où les donnes et références ne sont plus les mêmes. Si le rythme se ralentit de lui- même, les pensées le suivent et semblent se centrer naturellement sur le présent. La notion de faire, de s’activer n’a guère sa place dans une traversée comme celle-ci ; mais celle d’être l’a davantage.

Le tout est de savoir se soumettre au rythme imposé ( on ne décide pas!!). Là encore les contrastes entre les navigations sont saisissants.

La précédente nous a imposé une activité constante, un état de veille permanent, avec en prime quelques états d’urgence.

Cette traversée c’est l’inaction, le flottement…

Alors évidement ces traversée sont vécues totalement différemment. Rien ne peut être anticipé ou prévu à l’avance, seule l’adaptation et l’acceptation sont de mise.

Ce qui est bon travail sur soi.

Distance parcouru ce 6eme jours : 132 milles

Le 17/03 – Le 7 eme jour

Les grains commencent à réapparaître de plus en plus fréquemment avec les vents perturbés avant et après passage. Nous n’avons qu’à rouler et dérouler un peu le génois et attendre à l’abri que ça passe. Entre deux nous retrouvons nos alizés réguliers, le soleil radieux et notre petite routine qui s’installe malgré tout à bord.

Entre quarts, repas, lecture, surveillance, les journées s’écoulent un peu au ralentit mais agréablement. En fait c’est un peu comme ça que j’avais envisagé les longues traversées dans le Pacifique. Cela ne semble cependant pas être une constante, ni même une règle, on pourrait dire de l’exceptionnel !!

Alors nous savourons cette exception dans un confort relatif, car la mer n’est jamais calme surtout lorsque les grains viennent la perturber.

Nous approchons de petits îlots inhabités Ducie et Henderson Island, qui sont des réserves naturelles, nous les longerons sans nous y arrêter.

Distance parcourue ce 7 eme jours : 123 milles

Le 18/03 – 8 eme jour

Le vent commence a faiblir durant la nuit et le génois à claquer malgré le tangon.

Des grains en formation absorbent l’air autour et privent nos voiles de leur dû.

Avec la venue du soleil, nous mettons le spi pour nous permettre de rester toilé le plus longtemps possible. La pétole est prévue à partir de demain et nous allons devoir mettre le moteur pour rejoindre Pitcairn. Il faut toujours prévoir une réserve de gazole pour arriver jusqu’aux Gambiers… aussi on ne peut se permettre de brancher le moteur dès que le vent faiblit !!

Petits grains et nuages s’enchaînent dans le ciel azur obstruant momentanément le soleil radieux.

De beaux arcs en ciel se forment fréquemment.

Notre Coryphène est déjà engloutie, nos lignes traînent en attente d’une autre prise…

Au fil de la journée le vent tombe, le spi en manque d’air aspire les derniers souffles prêt à se laisser mourir.

C’est une sensation étrange que de sentir le rien s’installer. Privé de vent et de vie autour, le désert d’eau prend encore une autre dimension. Pas un avion pour rappeler la civilisation, pas de vie animale ou humaine, juste de l’eau à perte de vue…. Tout semble se figer en une sorte de néant qui nous laisse flotter sans envie.

J’ai l’impression pour la première fois de flirter avec l’ennui, la langueur…

Il y a quelque chose de lourd , de pesant, d’inerte et nous le subissons malgré nous.

A la tombée de la nuit, nous mettons le moteur, il va ronronner quelques temps….

Distance parcourue ce 8 eme jours: 110 milles

Le 19 /03 – 9 eme jour

La pétole est installée, seule une grande houle venant du Sud Ouest de 2,50 m vient troubler cet univers plat. Sans vent la chaleur se fait davantage sentir, nous avons à nouveau plus de 30°c à l’intérieur du bateau. Dehors dans le cockpit nous ne pouvons y rester, ça plombe trop…

Vue les températures nous décidons de prendre un bain, nous arrêtons le moteur. Marco plonge dans les abysses. Moi je descends prudemment à l’échelle sans la lâcher, ces bains dans l’espace ne me sont pas spécialement agréables. Cela me met une sorte de vertige et l’imagination en action.

Je dois être chochotte comme me dit souvent Marco.

Mais bon avec toutes ces histoires que l’on a entendu où des navigateurs prenant un bain au large ont eu quelques visites malencontreuses et sont ressortis avec un pied en moins ou pas ressortis du tout d’ailleurs…

Au moment où Marco rejoint l’échelle, il se met à pousser un cri horrible. Je vois déjà sa jambe déchiquetée pendre sans pied, mais en fait il vient de se coincer le doigt et de se l’écrabouiller dans la charnière de l’escalier. Il m’a fait une de ces peurs ce con !!!

Son doigt n’est pas très joli, mais il a ses pieds !

En fin de journée une grosse prise à la ligne de traîne.

Comme d’habitude on s’active, je ferme les hublots des cabines ( pour éviter que le poisson ne tombe dans nos lits comme cela nous est déjà arrivé), je retire tous les coussins du cockpit, on se met tout nu car le sang n’épargne aucun vêtement, Marco s’arme de gants… En remontant la proie, on sait déjà qu’il s’agit d’un thon à la façon dont il plonge et tire.

C’est un gros morceau ( le plus gros que nous ayons pêché) et pour pour le remonter à bord il faudra toute la force de mon homme !

«  Il est trop gros !! il doit faire dans les 25 à 30 kilos ! Qu’est ce qu’on fait ? »

Marco me répond qu’il a la gueule abimée qu’il vaut mieux le tuer et puis on pourra en donner aux gens de Pitcairn à notre arrivée.

Le carnage commence. Le thon commence à faire des soubresauts sans discontinuité en s’éclatant la tête par terre, on dirait qu’il veut se suicider. Il y a du sang partout avant que nous ayons eu le temps de prendre un couteau. Il est tellement gros et frénétique que nous essayons une vieille recette, celle de lui mettre du rhum dans les ouïes ce qui le calme direct. Cela laisse le temps à Marco de lui donner le coup de grâce (non sans mal). Nous sommes couverts de sang, le cockpit en est rempli lui aussi. Il nous faut le découper en tronçon avec une scie à métaux.

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Et là on s’aperçoit qu’il est infesté de parasites et de vers grouillants.

Nous n’avons pas d’autre choix que de le jeter par dessus bord.

Quel désastre ! prendre une vie pour rien me contrarie au plus haut point. Mais il est vrai que manger un poisson infesté peut être encore plus ennuyeux.

En tout cas derrière pas de place à l’ennui avec le nettoyage qui nous attend…

Distance parcourue ce 9 eme jours : 96 milles

Le 20/03  – 10 eme jours

Nous sommes au cœur d’une formation de dépression avec toute l’instabilité et pluies qui l’accompagne. Les quelques claques de vents ne nous permettent cependant pas de naviguer à la voile. Nous poursuivons au moteur ces derniers milles jusqu’à Pitcairn sous un ciel gris et chargé.

La mer couleur métal, lisse en surface se transforme en montagnes mouvantes. Une grande houle nous soulève quelques instants puis semble nous engloutir. C’est vertigineux… Ce mouvement amplifié nous accompagne jusqu’à notre destination.

A 25 milles de notre arrivée nous apercevons déjà ce fameux rocher. A son approche une odeur de fleur vient nous lécher les narines, cela embaume l’ylang-ylang.

Une île montagneuse est toute petite, elle ne fait que 4km/ 2 km.

Des falaises l’entourent avec des cocotiers accrochés dans les endroits escarpés, de la végétation dense, verte, des pins… une merveille. Quelques habitations se comptant sur les doigts de la main se trouvent au milieu de cette verdure.

Le mouillage est tout aussi impressionnant que l’île, aux pieds de ces parois, balayé par la houle, proche des rochers et du rivage où les vagues viennent s’exploser.

Je doute que la nuit à venir soit douce, mais l’endroit vaut l’arrêt !

Il nous aura fallu un peu plus de 9 jours pour atteindre ce rocher mythique…

PitCairn

Le 21/03 c’est le printemps !

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A notre réveil un water taxi équipé d’un gros moteur vient nous chercher au bateau.

La passe d’entrée pour accéder au débarcadère se fait en franchissant une barre de déferlement.

En annexe, nous n’aurions pu aller à terre.

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Entre deux séries de vagues le taxi man met plein gaz et nous arrivons à fond la caisse dans l’endroit du débarquement. Aussitôt sauté sur le quai, aussitôt le bateau est treuillé. Il ne peut rester à l’eau car la houle pénètre jusque là. L’arrivée est vraiment impressionnante et l’accueil aussi.

Ces descendants de révoltés auraient de quoi nous donner des leçons à ce sujet !!

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A peine les pieds à terre on nous offre des colliers en signe de bienvenue, un petit comité est déjà là pour toutes les formalités. Vela est chargée de nous accueillir et de nous présenter l’île. Elle nous charge sur son quad et nous monte au village, nous présente à toutes les mémés rencontrées sur leur quad. Tout le monde nous connait déjà et savait que nous allions arriver car le bateau précédent de Français avait donné l’info. Nous sommes le quatrième bateau à s’arrêter cette année ( nous connaissons nos prédécesseurs car ils étaient tous à l’île de Pâques)

Vela va s’occuper de nous faire un cageot de fruits-légumes qui nous sera livré au quai lorsque nous repartirons au bateau. Quel service et hospitalité…

En attendant Marco et moi allons faire le tour de l’île à pied sur les hauteurs. Cette île est une merveille, un véritable jardin d’Eden où tout pousse, arbres fruitiers, fleurs de toutes sortes aux odeurs envoutantes, une végétations dense, luxuriante et bien entretenue. Des sentiers très raides sillonnent l’île un peu partout et amènent à différents points culminants.

Quelle île incroyable ! Quelle beauté ! Une harmonie se dégage de ce lieu et la gentillesse des gens est plus que surprenante.

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Cependant nous imaginons un instant quelle doit être la vie sur ce cailloux, réduite à 62 habitants ?

Ils vivent quasi en autonomie, seul un bateau de ravitaillement tous les trois mois leur rend visite.

C’est un genre de communauté.

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A l’heure de notre retour au bateau, différentes personnes nous attendent avec deux énormes caisses de fruits et légumes. Ne sachant si nous reviendrons demain, on nous embrasse, on nous salut.

Un accueil de la sorte nous n’en n’avions jamais eu jusqu’alors !!

Pour célébrer le printemps, pas de meilleurs endroits surtout après 10 jours de large… cette terre luxuriante semble un paradis…

Dans la nuit des rafales à plus de 30 nd nous réveillent et nous inquiètent sérieusement. Le vent a tourné et nous sommes cul aux rochers et trop proche. La chaîne est sérieusement sollicitée dans les rafales et la houle n’arrange rien. Cela devient vite intenable, nous n’avons aucune marge de sécurité par rapport aux reefs si l’ancre dérape.

Alors après seulement deux heures de sommeil, nous décidons de prendre la mer. Ce mouillage est vraiment trop exposé et vite dangereux.

Nous quittons Pitcairn sous les étoiles, des bouffes de vent et de gros nuages noirs menaçants ; un peu à regret mais heureux de cette escale insolite et mythique.

De gros grains finissent de nous réveiller, le vent rugit toute la nuit, la houle se déchaîne, la pluie s’en mêle. Nous avons réduit le génois à la taille d’un mouchoir car les rafales sont violentes.

La nuit est très agitée.

Nous avons 250 milles avant d’arriver aux Gambiers, nous rêvons d’un lagon protégé où il serait possible de dormir à plat sur ses deux oreilles !!..

Le 22/03

Nuit difficile et ce matin malgré le retour intermittent du soleil, les vents restent intenses. Les vagues cognent contre la coque et envahissent le bateau. Les hublots sont fermés et nos déplacements sont réduits, on ne peut tenir debout. Nous n’allons dehors que par nécessite afin éviter d’être éjecté par dessus bord.

D’ailleurs je préfère la vision du plafond de ma cabine au spectacle déchaîné de l’extérieur, c’est plus rassurant. Ces conditions démentielles nous surprennent encore.

Les crêtes des vagues sont ourlées de blanc , un grand champ d’écume tumultueux s’étire à perte de vue. Une certaine sauvagerie occupe l’espace.

Tidoudou est secoué, rossé mais il avance fièrement et courageusement. Ce petit bateau ne cesse de nous surprendre par sa tenue et fiabilité.

P1150821Le pilote à vent lui a plus de mal à suivre les caprices du vent d’autant plus que nous sommes travers-bon plein. Dans les claques il part au lof et nous devons nous tenir prêt à intervenir pour le remettre sur sa route. (Ce qui ne manque jamais de nous faire râler car bien évidemment c’est au moment où le vent est au plus fort qu’il faut être là et souvent sous la pluie !)
La voilure est toujours réduite au maximum, si nous toilons davantage, le pilote perd pied. On le ménage donc en sous toilant pour qu’il fasse son boulot sans notre aide.

Hier tout n’était que douceur et harmonie, aujourd’hui labeur et insomnie. L’inconstance fait partie intégrante de la vie à bord d’un bateau. Nous n’avons pas d’autre choix que de l’accepter.

Distance parcourue : 115 milles

Le 23/03

Le vent se calme peu à peu. Nous sommes au près maintenant, la grand voile et le génois en entier sont mis. OUF ! On retrouve une vie à bord normale.

Comme pour fêter ça deux Waou se sacrifient un de 90 cm et un autre d’un mètre.

Nous pourrons ainsi partager nos prises une fois à terre !!!

Les Gambiers ne sont plus qu’à 115 milles, demain nous arriverons enfin à la destination qui a stimulé notre voyage…

Comme d’habitude c’est lorsque Marco prend son quart que les grains arrivent. Le vent oscille entre 5 et 25 nœuds, tourne sans cesse. Le pilote est incontrôlable et le capitaine reste à la barre toute la nuit. Une autre nuit où ne nous dormirons pas !! Sur 3 jours nous cumulons au total 6 heures de sommeil en tout et pour tout !!! On pense déjà à la tranche de sommeil que l’on va se faire à l’arrivée… On en salive d’avance.

Distance parcourue : 115 milles

Le 24/03

Terre à vue !!! Toute la journée cet archipel se fait languir. Vue la grosse houle de 3 mètres, nous décidons de rentrer par la passe d’Ouest. Nous devons donc contourner ces île par le Sud.

Les couleurs lagon nous emplissent les yeux, d’énormes vagues bleus turquoises déroulent sur les reefs et nous arrivons enfin à notre mouillage de Tavaraï.

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Comment décrire le paysage qui s’offre à nous ? Plus que surprenant, extraordinaire….

Nous avons l’impression d’arriver dans un lac de montagnes Vosgiennes. Des petites montagnes recouvertes de forêts de pins et d’herbes, avec à leur pied des petites plages de sable blanc et des cocotiers. L’eau est plate, l’air embaume la fleur, les couleurs éclatent dans une paix irréelle.

Nous sommes abasourdis, complètement sous le charme et encore plus en constatant que le bateau est à plat. Voilà plus de deux mois que n’avions pas mouillé dans un endroit sans houle.

Le voilà notre petit paradis.

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Cette nuit de sommeil de 12h nous semble la plus douce de notre vie !

Il nous aura fallu 12 jours de navigation depuis l’île de Pâques pour y arriver.

Ces 6 derniers mois nous avons enquillé plus de milles qu’en un an et demi l’année dernière.

Nous sommes fatigués de naviguer, nous avons eu notre dose : (12 000 milles soit 22 milles kilomètres)

Aussi nous allons à présent nous poser, finit les longues navigations.

Notre but était d’arriver en Polynésie, nous y sommes.

Nous sommes heureux, pourtant ni Marco, ni moi ne referions ce trip. Une fois dans sa vie suffit.

Bien sûre notre voyage continue, mais à présent le plus dur est derrière !!!

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Le 25/03

Un bateau de jeunes est mouillé à côté ( un jeune couple de Français plutôt original et étonnant).

Nous pouvons ainsi partager avec eux notre poissons. Le gars revient d’aller chasser avec son arc sur l’île, il chasse les petites chèvres sauvages. Apparemment mieux vaut être équipé d’un coupe-coupe pour se frayer un chemin et gare aux guêpes impitoyables.

Marco part en repérage des fonds sous marin voir ce qu’il y a de comestible, car ici bon nombre de poissons sont atteint de ciguatera. Hélas peu de poisson , il voit cependant un beau requin pointes noires à quelques mètres de lui !

Nous partons en annexe faire le tour de l’île, elle se révèle plus grande que prévu…

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En accostant de l’autre côté de l’île, on nous fait signe de venir. Les propriétaires de l’unique maison nous réservent un accueil plus que chaleureux . Denise et Edouard nous offrent à boire et après discussion nous repartons avec un panier de fruits. Puis nous rejoignons le nord de Tavaraï le « village » constitué de quatre maisons et d’une église démesurée.

Hervé, un polynésien nous reçoit chez lui et nous présente à sa famille. Que de gentillesse et de savoir vivre ! Ils semblent heureux d’avoir de la visite.

Ces quelques habitants vivent en autarcie, cultivant et élevant quelques bêtes, chassant quelques chèvres et cochons sauvages . Leurs sourires et leurs visages rayonnants témoignent d’un bonheur simple et tranquille.

Ils sont entourés de véritables jardins naturels qu’il faut malgré tout entretenir et les quelques familles qui vivent là s’en donnent la peine. Tout est propre, soigné, fleuri. Tout est d’une beauté incroyable !

Nous terminerons notre tour d’île de plusieurs heures tantôt à la rame en relevant le moteur à causes des patates de corail, tantôt au moteur. Ne connaissant pas les lieux nous nous sommes fait prendre par la marée descendante sur les platiers !!!

Le 27/03

Nous rejoignons le mouillage face au village de Mangareva. Nous retrouvons plein de connaissances, ça fait super plaisir de se retrouver là et nous avons tous pleins d’anecdotes à nous raconter… Repas, apéros, on est invité de partout !!!

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