Départ de nos moussaillons et suite à Vava’u…

Fin Août- Début Septembre

Nous faisons halte au mouillage préféré de l’équipage : petite hanse aux charmes exotiques et aux fonds marins exubérants.

De là, nous pouvons contacter les parents à Willy afin de commander la pièce. Ce dont ils se chargent avec grande gentillesse et rapidité instantanée. Il nous reste quelques jours devant nous avant que les loulous ne reprennent leur envol et que les pièces du moteur parviennent à bon port. Donc nous décidons de rester à ce fameux mouillage pour ces derniers jours ensemble. Loukia et Willy passent la fin de leur trip la tête dans l’eau, admirant les poissons, les fonds colorés.

Marco et moi partons en exploration terrestre, empruntant des sentiers disparaissant sous une verdure prolifique. Sur l’une des plages, nous découvrons des vertèbres de baleines.

Nous poussons aussi notre exploration dans des grottes marines à la nage. Les jours glissent vite dans cet univers bleuté.

Loukia et moi avons encore tant à nous dire… Nos discussions, nos mots tentent de retenir ce temps qui nous échappe et va bientôt nous séparer. Ces confidences, cette complicité sont du chocolat que nous partageons un peu en catimini. Nos cœurs se dévoilent, s’épanchent, se mêlent, se serrent, s’embrassent… Dans cette relation qui touche nos profondeurs, on rit, on pleure ! Nos choix de vie nous ont amené à vivre loin l’une de l’autre pendant des années, mais c’est peut être ce qui nous permet aujourd’hui d’être si proche. Nulle distance kilométrique ne peut être un frein à l’amour !

Elle va reprendre sa route, moi la mienne, nous allons continuer chacune à nourrir nos vies d’expériences que nous pourrons certainement partager à nouveau plus tard… Alors pas de place aux regrets ou à la tristesse… Le rêve que je chérissais en partant pour ce long voyage était de pouvoir partager celui-ci avec mes enfants. Il s’est réalisé !

Les voiles sont hissées, point d’aide moteur pour nos manœuvres ( vu qu’il est plus ou moins hors service). Un vent bien musclé, nous propulse vers la destination finale de nos matelots. Aujourd’hui, pas le temps de se prélasser sur le pont, on enchaîne les virements de bords dans les canaux étroits, chacun a son poste. Marco à la proue observant les reef aux abords des berges, donne le feu vert pour chaque virement ; les jeunes aux écoutes de la trinquette se calent sur moi à la barre. Au près serré avec 25 nds, le bateau gîte, pas de répit ! La manoeuvre se complique lorsque nous arrivons dans la dernière partie du canal étranglé. Sitôt viré, il faut revirer ! Pas un mot n’est échangé, tous concentré sur le « Top » que Marco gueule à l’avant. Et enfin, nous voilà dans le grand bassin face au village, arrivés.

Nous allons nous enfiler quelques tacos bien mérités au resto d’en face, avant que les jeunes n’aillent acheter leur billet pour le ferry. Quelques bières à l’apéro pour fêter leur départ et le lendemain, je les emmène en annexe rejoindre le ferry. Ils vont se coller 24h de mer pour rejoindre Nuku Alofa ! L’occasion de voir à nouveau quelques baleines et assister à la livraison de marchandises des nombreuses îles sur leur route. Ils dormiront sur le pont à la belle étoile car pas de cabines !

Le lendemain, notre colis d’Amérique est acheminé, nous allons le récupérer. A l’intérieur, on y trouve, les joints, l’impeller… mais pas de pompe ! Le gars du magasin ayant reçu le mail de Willy n’a pas dû comprendre la commande. Il ne nous reste que 3 semaines avant de lever le bateau, aussi, vu que la réparation à l’époxy permet malgré tout un usage restreint du moteur, nous allons nous débrouiller ainsi. La fuite demeure, mais elle est moins catastrophique ! Nous allons utiliser au maximum nos voiles, comme à l’ancienne !

Nos matelots étant partis, nous trouvons à présent le bateau plus grand et bien calme. Ce qui n’est pas pour déplaire au capitaine solitaire ! L’ambiance est propice pour ré accorder nos violons qui depuis un certain temps sont soumis à la dissonance. Une nouvelle symphonie en sortira peut être ???

En attendant, nous les rangeons pour rejoindre un groupe d’îles plus à l’Est que nous ne connaissons pas. De nombreux bateaux ont quitté Vava’u,( Le rallye de bateaux : Oyster poursuit sa route vers les Fidji) les mouillages fréquentés le sont donc moins et si l’on s’écarte de ceux-ci, on peut être à nouveau seul. Là encore, nous avons de quoi être surpris par la beauté de ces lieux !

Nous accostons sur la dite : « plus belle plage de Vava’u » et cela va s’en dire que c’est un fait…

Le mouillage étant très exposé au vent, il faut choisir le bon moment pour s’y rendre. Aujourd’hui c’est plutôt calme, peut être même un peu trop ( nous sommes toujours méfiants lorsque le temps devient lourd et que l’air, le vent se suspendent soudainement)…

Les couleurs bleutées éclatent sans égard pour nos pupilles presque agressées par l’intensité. Un long bandeau de sable, s’étale comme une étoffe de velours blanc, que nos orteils foulent avec délice. En coupant à travers la forêt, se trouve une autre plage de l’autre côté de l’île, tout aussi resplendissante par ses nuances. Des falaises ocres et vertes la protège, des fleurs la parfument, l’eau cristalline couleur d’opale la caresse, une sublime pirogue vient même accoster pour lui rendre hommage….. avec tant d’attention elle ne peut que révéler ses charmes !

A notre retour, nous croisons un couple de navigateurs aguerris avec lesquels nous partageons quelques mots. Ils nous disent qu’ils vont rester mouiller là pour la nuit, vu le que le vent est absent.

C’est toujours délicat de donner un avis météorologique à des personnes bourlinguant depuis des années… Néanmoins nous leur faisons part que nous préférons aller mouiller dans un endroit plus protégé pour la nuit…

En quelques milles, nous arrivons à une grande anse en fer à cheval où plusieurs bateaux sont ancrés, dont certains vivent en permanence ici !

Marco a repéré une sorte de talweg sur ses cartes météo, même si aucun vent n’est prévu, avec l’expérience, nous savons que parfois le vent peut basculer soudainement au Sud et être assez violent. Nous mouillons donc en conséquence, de façon à laisser assez d’espace entre les bateaux, les hauts fonds et la terre. La lune prenant des rondeurs étale sa clarté sur la surface de l’eau dépourvue de la moindre ridule. Nous pouvons toucher aussi bien à la profondeur du ciel qu’à celle des fonds marins. Une visibilité incroyable ! Un tapis d’étoile de mer comme tombées du ciel reposent en paix sous le bateau, et celles au dessus de nos têtes scintillent. Nous allons nous coucher avec toutes ces étoiles dans les yeux.

Et puis tout à coup, en pleine nuit, le vent nous alerte. Il forcit méchamment, s’orientant Sud comme Marco le pensait ! Pluie et vent viennent fouetter les bateaux. Nos ancres subissent un 180°, et nous prions pour qu’elles arrivent à accrocher. Les rafales s’enchaînent. Trouvant que nous sommes un peu près des autres bateaux, je surveille à l’abri de la capote, une bonne partie de la nuit ! Le vent tourne encore, se renforce, je suis inquiète. Les autres navigateurs doivent l’être aussi car je vois des frontales s’allumer régulièrement. Et je pense à ceux qui sont restés aux abords de la belle plage ! J’en ai froid dans le dos pour eux.

Au matin, on constate qu’ils sont ancrés pas loin de nous ! Ils ont dû avoir une nuit pire que la notre !!!

Les navigateurs d’un des bateau à côté viennent nous rendre visite et nous les reconnaissons. Ils étaient avec nous aux Marquises, depuis la famille s’est agrandit : un bébé fait partie de l’équipage !

Le temps perturbé, nous permet de s’adonner à la bricole, il y a de quoi faire … et de donner ainsi quelques nouvelles. L’été tire à sa fin en France, les petits écoliers ont dû reprendre leur service obligatoire… Tendres pensées à vous tous qui nous suivez!!!

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